« Halle de la machine » : dans les rouages du rêve

Il y a presque un an jour pour jour, la compagnie « La Machine » installait une de ses antennes à Toulouse, dans le quartier de Montaudran. Aujourd’hui, le succès ne cesse de se confirmer et La Halle de la Machine attire toujours plus de spectateurs venus de tous les coins de l’Hexagone.

Machine qui rêve

Les vacances scolaires sont ainsi l’occasion de découvrir ce lieu imposant bardé de baies vitrées et d’une imposante hauteur sous plafond, îlot hors-du-temps ancré au cœur du sud-est toulousain.
La compagnie de théâtre de rue est née en 1999 et a depuis développé en France plusieurs antennes, comme à Nantes ou à Toulouse. Cette dernière fut désignée en 2014 pour accueillir un nouveau lieu de création et d’exposition, et notamment les « géants » comme le Minotaure ou l’Araignée, qui sont visibles et sublimés dans ce lieu d’exception qu’est la Halle de la Machine.
Pénétrer dans un tel lieu, c’est accéder à des objets non-identifiés nourris d’un imaginaire délirant hérité de l’enfance servi par des ingénieurs et techniciens qui permettent de donner vie aux idées les plus saugrenues. On retrouve l’esprit des machines de Rube Goldberg, du nom du dessinateur américain qui mettait en scène des mécanismes toujours plus complexes pour effectuer des tâches plus simples, dans un souci d’automatisation à outrance, caricaturant la course au génie, à l’invention qui allait bouleverser le quotidien. Ici pas de serviette de table automatique ou de machine permettant d’ouvrir la porte au chat sans effort mais une catapulte à pain ou encore une machine à caresser les plantes car, comme chacun sait, pas de beau jardin sans un minimum d’attention. Cet imaginaire technique fait appel à l’esthétique steampunk, qui célébrait l’industrialisation galopante du charbon et de la vapeur. Les inventions aussi galopent, comme ce cheval, rouages apparents, qui nous fait observer toute l’amplitude de son mouvement au ralenti faisant écho aux expérimentations d’Eadweard Muybridge à la fin du XIXe siècle. Toute une partie du bâtiment est consacrée aux instruments de musique, comme par exemple ce circuit de cymbales qui tournent et actionnent sur leur passage un gant de boxe qui permet de produire le son. Ces installations jouent sur plusieurs registres et mettent également en avant de véritables moments de poésie avec des installations qui reproduisent des comportements et émotions propres à l’humain.

Le Minotaure en action (©Luka Martineau)

L’imaginaire à la portée de tous

Véritable déambulation à la croisée entre humain et machine, une après-midi passé dans ce hangar aménagé est l’occasion d’une sortie en famille qui pourra réunir les jeunes et les moins jeunes. Le lieu s’adresse ainsi clairement à un public de tous les horizons et propose de nombreuses visités guidées qui permettent de voir les machines en action. Ces dernières étant en effet si précises qu’elles nécessitent l’aide des très nombreux techniciens et employés de la halle qui font fonctionner ces inventions à la précision d’horlogerie et donnent vie au lieu sous les regards émerveillés des nombreux enfants qui constituent un public important de la structure. Cette dimension ludique vient aussi de la possibilité pour les visiteurs de monter dans les machines iconiques de la compagnie (qui avaient défiler devant une foule très nombreuse dans les rues de la capitale d’Occitanie il y a quelques mois) comme le minotaure qui nécessite plusieurs techniciens pour le mettre en branle.

Une compagnie qui grandit

Au début des années 2000, c’est le grand éléphant qui défilait dans les rues de Nantes ou du Havre et vingt ans plus tard, c’est à Toulouse que la compagnie de La Machine s’est installée et continue de proposer de nombreuses animations autour des inventions mécaniques et de leur imaginaire. On peut également retrouver des animaux mécaniques à La Roche-sur-Yon, sur la place Napoléon, où la encore le caractère ludique est mis en avant, puisque les visiteurs sont invités à actionner eux-mêmes les mécanismes et à faire se mouvoir l’alligator ou le héron. La Machine pénètre l’espace public et amène ses créations au cœur de la ville. Elle produit ainsi une nouvelle forme culturelle, qui allie à merveille spectacle de rue et salle d’exposition, dans une ode à la technique et encore plus, et c’est peut-être là leur principal mérite, au rêve et à l’imagination.

https://www.halledelamachine.fr/