Patrie rêvée.. ou presque au cinéma le Cratère

Le cinéma Le Cratère diffusait jusqu’au 11 février 2020 It must be heaven, une comédie d’Elia Suleiman.  L’occasion pour les spectateur.rice.s de découvrir le style loufoque d’un réalisateur qui s’interroge sur l’identité palestienne. Cette dernière création donne à voir la déambulation d’un homme qui quitte son pays à la recherche d’un « chez-lui». Ce film discrètement engagé fait partie de la programmation d’un cinéma qui essaye de faire découvrir des films « différents » .

Lundi 10 janvier, une petite dizaine de personnes s’introduisent discrètement dans l’unique salle du Cratère. La pièce est rapidement plongée dans le noir mais surprise, le film projeté n’est pas le bon. Sourire général. Quelques minutes plus tard, la bobine est changée, It must be heaven commence.

Sur l’écran, un petit homme chapeau sur la tête regarde son quotidien sans prendre la parole (ou presque). Les scènes de vie s’enchaînent et montrent les relations des hommes et des femmes avec leur société. L’acteur principal s’exile de Palestine pour trouver un endroit où il se sent mieux mais déchante devant la réalité des villes dont il a toujours rêvé.  Paris, n’est qu’un lieu vide, ultra-surveillé par des policiers en rollers et autres engins grotesques. A New-York, le tout-venant (même le plus jeune) se balade avec des grenades à la ceinture.

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La question de l’identité

Ces fresques stéréotypées sont l’occasion pour le réalisateur d’exposer les clichés sur différentes sociétés qui sont parfois véhiculés par le cinéma. Pendant son séjour à Paris, le personnage principal propose son scénario à un réalisateur. Ce dernier lui refuse car son histoire ne fait pas assez palestinienne.

Le film ne cherche pas seulement à questionner les images fantasmées que nous créons autour des cultures. Il pose aussi la question de l’identité palestinienne. L’acteur ne prend la parole qu’une seule fois en une heure et demi. Quand un chauffeur de taxi américain demande au personnage d’où il vient, il lui répond : « de Nazareth, je suis Palestinien ». Le conducteur, dont les yeux s’écarquillent drôlement, balbutie : « c’est la première fois que je vois un Palestinien ».

Faire son cinéma

Le cinéma le Cratère, inscrit dans le réseau Cinéfol 31 (réseau cinéma de la ligue de l’Enseignement de la Haute-Garonne) semble s’être donné pour mission de faciliter l’accès au cinéma par le biais de tarifs très préférentiels ( 4€ pour les places les moins chères ) et par une programmation touffue pour les plus jeunes publics.

Si le petit cinéma de la grande rue Saint Michel semble proposer des films variés qui amènent à s’interroger sur des enjeux contemporains, il ne faut pas oublier que la plupart sont labélisés d’art et d’essai. Cela signifie qu’ils ont été choisis par un jury d’une cinquantaine de personnes de la profession (producteurs, scénaristes, critiques cinéma..) ou des cinéphiles confirmé.e.s. Faciliter l’accès du public au cinéma n’est-ce pas aussi l’intégrer dans le processus du choix des films ?