Une exposition riche, fourmillante et engagée
Du 22 novembre 2019 au 9 février 2020 étaient exposés les lauréats de Mezzanine Sud – Prix des amis des Abattoirs. Ce prix a pour but d’accompagner et de mettre en avant des artistes émergents de l’art contemporain en lien avec l’Occitanie. Les lauréats bénéficient ainsi d’une exposition et d’une aide à la production. C’est dans ce cadre que je me suis rendue aux Abattoirs le 5 janvier 2020 afin de m’arrêter plus longuement sur l’exposition et les diverses installations du collectif Pfff.
Le collectif et son projet
Ce collectif fondé en 2015 se compose de cinq femmes: Charlotte Castellat, Nadège Rossato, Mélanie Rochis, Louise Tardif et Fanny Violeau. Ce sont des artistes pluridisciplinaires (théâtre, chant, danse, arts plastiques, photographie, littérature), ce qui leur a permis de construire une exposition sous forme de différentes installations à la fois spatiales, sonores, visuelles, plastiques, ludiques et interactives.
Le coeur du travail se situe autour du sujet complexe (mais ô combien important!) « femmes », et invite les publics à s’approprier la question du féminisme. Les visiteur.e.s déambulent dans différents types d’espaces, allant de couloirs noirs, espaces restreints, flous, à un vaste espace ouvert, interactif, circulant, partagé. L’idée est de faire la lumière sur des comportements et conditionnements desquels il faut se sortir pour accéder à une libération des femmes.
Diverses installations à découvrir et à expérimenter
L’échotier : composé de branches d’arbre où sont suspendus des mp3 afin d’écouter chansons, podcasts, émissions,… avec toujours les femmes comme point central.
Le mur de livres et coin détente : dans un espace ouvert on peut trouver bon nombre de livres écrits par des femmes, sur les femmes et leurs combats. Des fauteuils et canapés sont installés afin que les visiteur.e.s puissent prendre le temps de découvrir les divers ouvrages.
L’espace ludique: il s’agit d’un espace avec plusieurs jeux, afin d’apprendre (sur les femmes) en s’amusant.
La carte interactive : un face à face avec une sorte de carte IGN représentant un corps de femme. La possibilité d’appuyer sur différents endroits et obtenir une description « décalée » est ici proposée.
Les objets trouvés : représentés par des objets, symboles d’un certain conditionnement et accompagnés de phrases explicites sur la condition dans laquelle on a voulu cloisonner les femmes.
Le plafond de verre : plafond sur lequel sont disposées plusieurs publicités à caractère sexiste.
Le coin « notes de travail » et « répétitions » : lieu sombre, dans un recoin, avec un canapé pour s’installer et regarder une vidéo de diverses répétitions du collectif. De nombreuses notes de travail, de recherche sont accrochées au mur, dans cet endroit sombre. On peut les découvrir grâce à des lampes torches suspendues.
La zone d’expression personnelle : les visiteur.e.s peuvent proposer des idées pour la suite, donner leur avis, s’exprimer et laisser leur contact pour être tenu.e.s au courant des futurs événements proposés par le collectif.
Une exposition qui comprend sa propre médiation
Dès l’entrée dans l’exposition, ce que l’on peut y faire est expliqué. Pour chaque installation un petit cartel propose aussi un « vous pouvez », indiquant aux visiteur.e.s comment intéragir avec l’oeuvre.
Des propositions de jeux, aux coloriages, en passant par les avis des publics: le collectif Pfff nous invite à participer et à proposer sans cesse, à travers différents médias (sonores, visuels, écriture, lecture, dessins…)
« L’imposteur », sorte de « cherchez l’erreur » invite par exemple les publics à regarder avec attention les installations et expositions et d’ainsi trouver la coquille se glissant dans un dispositif. Cela permet aux publics de prendre le temps de bien regarder ce qui est proposé, d’une manière ludique.
Par ailleurs, le collectif propose la diffusion des notes de recherches ainsi que des images de répétitions. Cela permet aux publics d’avoir une visibilité sur le travail effectué leur offrant donc la possibilité de poser un vrai regard critique sur ce qu’il découvre.
La zone d’expression permet aussi aux publics de s’approprier le projet en partageant ses sentiments, proposant des ouvrages, échangeant sur les dispositifs…
Quant à la médiation des Abattoirs lors de ce premier dimanche de janvier… outre les cartels explicatifs du musée et quelques lignes sur leur site… je n’ai pas souvenir d’une démarche particulière de leur part…