Le festival BD de Colomiers, scènes ouvertes pour le 9ème art

Le Festival de la bande-dessinée de Colomiers s’est déroulé les 15, 16 et 17 novembre 2019. Un rendez-vous annuel depuis 35 ans à ne pas manquer, pour les amateurs du 9ème art ; mais aussi l’occasion de découvrir la BD comme on ne l’a jamais vu. Le festival investit plusieurs lieux, invitant ainsi à la déambulation et la réappropriation du centre-ville de Colomiers, commune à l’ouest de Toulouse.
La programmation du festival a mis l’accent sur la porosité de cet art, se nourrissant et se manifestant sous toutes les formes : du livre traditionnel à l’écran numérique, de la salle de spectacle à la salle de cinéma.

Le choix des artistes programmés révèle la volonté de mettre en avant la jeune création en donnant une visibilité à des jeunes auteurs et autrices ; ainsi que des artistes internationaux venus des Etats-Unis, du Japon, de la Suède, du Québec ou encore d’Angleterre.
La formation des plus jeunes à l’image est également une valeur importante du festival. De nombreux ateliers de créations ont permis au jeune public de découvrir tout le week-end le monde de la bande-dessinée. Le festival organise un prix collégien et lycéen de la bande-dessinée, soutenu par le département de la Haute-Garonne et la Région Occitanie.


Flâner dans les expositions

Une dizaine d’expositions ont été disséminées dans la ville, inscrites dans le tissu urbain et social de Colomiers : la médiathèque du Pavillon Blanc Henri-Molina, le Square Saint-Exupéry, la Fédération des associations, le Hall Comminges, l’hôtel de ville. On pouvait y découvrir des auteurs emblématiques tels que l’américain Charles Burns et son univers fantastique et graphique reconnaissable, aux portraits fascinants et dérangeants à la fois.

Dans le cadre du programme d’accessibilité Ville et Handicap, l’exposition Cinq Sens et Neuvième art mettait à l’honneur la magnifique et touchante histoire de l’amitié entre Helen Keller et Annie Sullivan, deux figures emblématiques à la fois du féminisme et de l’éducation pour tous. Née en 1880 en Alabama, le petite Helen devient aveugle et sourde à la suite d’une méningite quelques mois après sa naissance. La bande-dessinée retrace l’éducation de la petite fille par Annie Sullivan, sa gouvernante qui deviendra sa plus fidèle amie, qui lui apprend la langue des signes puis l’écriture. Helen Keller ira même à l’université et deviendra écrivaine. Elle défendra toute sa vie l’accès à l’éducation des sourds, aveugles et muets ; et par de-là cette lutte sera une pionnière de l’éducation pour tous.
Avec un trait vivant et sensoriel, Joseph Lambert transmet à merveille les sensations et émotions de la fillette, faisant passer le lecteur de l’ombre à la lumière. Les planches de Annie Sullivan et Helen Keller (ça et là, 2013) étaient visibles dans le hall de l’hôtel de Ville du 5 au 28 novembre 2019.


Traîner des heures au salon de la BD

Le salon de la bande-dessinée à pris place dans le Hall Comminges. Une véritable île aux trésors !
Des stands de maisons d’éditions ou d’auteurs indépendants de tout les côtés, un espace de création pour les plus jeunes : défouloir de gribouillis sur une vitre et atelier, un plus sage, d’origamis. Une ambiance joyeuse et détendue y régnait, et il était tentant de passer des heures à discuter avec les visiteurs comme les artistes, autour d’un livre ou d’un verre.


S’esclaffer devant le match d’impros délirant de la compagnie de théâtre Trio d’Impro

Le principe du jeu est simple : mêlé dessin live, improvisation et théâtre participatif. Tout d’abord les personnages : trois comédiens remontés à blocs, un dessinateur efficace et un public inspiré et inspirant. Le tout donne un spectacle interactif hilarant à partager en famille ou entre amis !
Le public dépose à l’entrée des idées, des mots, des expressions dans un chapeau. Le dessinateur et maître du jeu sélectionne un papier, propose en quelques minutes trois interprétations dessinées sur une tablette numérique du thème, projetées en direct sur un écran en fond de scène. Puis le public vote pour le croquis qu’il voudrait voir jouer en improvisation par les comédiens. Fou rire assurés… !

La prochaine date de la compagnie Trio d’Impro : le mercredi 18 décembre, 20h30 à la Comédie de Toulouse. Pour en savoir plus c’est par ici.


Mais encore…

Spectacle de danse-dessin live, conte dessiné, concert dessiné, films d’animation. Le mélange des arts était au rendez-vous !
Deux films phares de cette année 2019 ont été projetés au cinéma le Central : La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti et J’ai perdu mon corps de Quentin Reubrecht (grand prix de la semaine de la critique au festival de Cannes et prix Cristal du Long métrage au festival de film d’animation d’Annecy). Les festivaliers ont pu avoir la chance d’échanger avec le storyboarder animatique Quentin Reubrecht après la projection.

Bande annonce officielle de J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, 2019

Mais aussi des ateliers et animations destinés au jeune public, au famille : « lectures petites oreilles », médiation autour des techniques plastiques et multimédia… Un très bonne manière d’éduquer les plus jeunes aux images et déployer l’imagination de chacun.
Sans oublier les promenades dessinées : de grandes fresques urbaines participatives réalisées dans les rues de Colomiers en compagnie des illustrateurs Mina Hamada et Matthias Picard. Pour les admirer c’est par ici !

Enfin pour un public plus averti, professionnel ou pour ceux qui souhaitaient s’aventurer plus avant dans l’univers de la bande-dessinée des rencontres et masterclass ont été organisés avec des artistes, des professionnels de l’illustration, du cinéma d’animation.
Un focus a notamment été fait sur les femmes dans le 9ème art : Alexandra Zsigmond retrace dans une conférence son parcours professionnel de directrice artistique au New York Times à ses activités artistiques personnelles ; mais aussi Catherine Meurisse dessinatrice de presse et autrice de bande-dessinées pour « Charlie Hebdo » jusqu’en 2015, est venu présenter son dernier album Les grands espaces (Dargaud, 2018) écrit à la suite des attentats.


Si vous avez l’impression d’avoir rater THE festival de bande-dessinée en région Occitanie ne vous biler pas ! L’avantage de cet événement c’est qu’il est annuel ! Alors rendez-vous l’année prochaine à Colomiers du 13 au 15 novembre 2020.
Quant à moi je vous dis au mois prochain pour un nouvel article sur la vie culturelle et artistique de Toulouse et d’ailleurs !

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