Prisme7 : le premier jeu vidéo du Centre Pompidou nous plonge dans le monde de l’art moderne et contemporain

Le Centre Pompidou a sorti son premier jeu vidéo pendant le premier confinement, en avril 2020. Prisme7 est un jeu gratuit, ludique et pédagogique, pour tous les joueurs à partir de 12 ans. Avec son gameplay simple et son univers coloré, il nous fait découvrir la poésie de l’art moderne et contemporain.

Grâce à un article que l’on m’a suggéré, j’ai appris que le Centre Pompidou avait sorti son premier jeu vidéo, Prisme7, en avril 2020. Je n’ai découvert le jeu qu’au deuxième confinement. Je ne suis pas particulièrement familière de l’art moderne et contemporain et je me demandais donc si le musée avait réussi à rendre accessibles ses collections à travers le jeu.

Sept niveaux pour mieux comprendre la couleur et la lumière

Le jeu Prisme7 a été conçu par le Centre Pompidou, en collaboration avec Bright et Game in Society. Sa mission est de faire découvrir les principales œuvres du musée et les principes de base de la création artistique.
Le projet a été soutenu par le ministère de l’Éducation nationale. Le jeu se compose de sept niveaux, intitulés respectivement : couleur et fonction, couleur et système, couleur et engagement, couleur et émotion, couleur et spiritualité, lumière et physique, lumière et immersion.
Chaque niveau présente un univers graphique très différent, avec un gameplay particulier, qui dépend de l’environnement. Je pense notamment au troisième niveau qui évoque les tableaux de Mondrian avec ses blocs colorés, puis les tableaux de Fromanger avec ses silhouettes rouges dans des paysages urbains violets. Dans ce niveau il faut jouer avec les formes : certains blocs peuvent être étirés vers le haut, le bas ou les côtés pour permettre au joueur d’accéder à des endroits inaccessibles.

Le jeu invite le joueur à explorer, réfléchir, expérimenter et manipuler son environnement. Les graphismes sont épurés et simples, le joueur est représenté par une sorte de nuée de points noirs qui se déplace en suivant le doigt ou le curseur du joueur. Pour progresser, il faut récolter des points rouges qui servent à construire des éléments ou détruire des obstacles. Plus rarement, le joueur rencontre des gemmes bleues qu’il faut récupérer. Celles-ci permettent de débloquer des œuvres d’art, il y en a sept ou huit par niveau.

Le jeu est assez difficile pour maintenir l’attention mais reste jouable pour les joueurs de tous les niveaux (à partir de 12 ans). La difficulté est croissante au fil des niveaux, il y a de plus en plus d’énigmes à résoudre pour avancer.

Une médiation accessible mais discrète

Le jeu est disponible gratuitement sur mobile (IOS/Android) et sur ordinateur (PC/Mac) et peut être joué en français, anglais, chinois et espagnol, ce qui le rend accessible à un très grand nombre de personnes. Le format jeu vidéo est également attractif, notamment pour les plus jeunes, qui ne sont pas forcément familiers des musées.

L’approche de l’art par le jeu vidéo est assez originale. Cela permet de se rapprocher du musée à plusieurs niveaux.
D’abord, nous pouvons nous rapprocher du bâtiment du musée grâce au premier chapitre du jeu. Son environnement évoque l’architecture du musée (Renzo Piano et Richard Rogers), avec ses couleurs vives et ses tuyaux. On se promène d’abord à l’extérieur, comme si nous étions sur les toits, avant d’entrer dans le musée et de circuler dans les salles.
Des détails amusants sont ajoutés, il faut par exemple éviter de toucher les cordelettes qui délimitent un espace à ne pas franchir autour des œuvres, comme dans un vrai musée.
Ensuite, dans le troisième chapitre du jeu, le joueur entre directement dans la toile, puisque l’univers nous fait penser aux tableaux de Mondrian puis de Fromanger.

En collectant les gemmes bleues, le joueur débloque des œuvres d’artistes emblématiques de l’art contemporain et du musée.

Nous pouvons notamment débloquer, au niveau trois, les œuvres de Martial Raysse, Andreas Gursky, Claude Lévêque, Andy Warhol, James Rosenquist, Niki de Saint Phalle, Djamel Tatah et Gérald Fromanger. Les descriptions et présentations des œuvres sont très concises : une photographie de l’œuvre, le nom de l’artiste, le nom de l’œuvre et une phrase en rapport avec le thème du niveau et l’œuvre de l’artiste (la couleur, son engagement…). Cette simplicité les rend accessibles. Nous pourrions cependant reprocher au jeu d’être trop succinct sur les œuvres, il aurait pu être intéressant d’ajouter quelques informations supplémentaires, comme des dates ou les dimensions des œuvres. Dans l’état actuel du jeu, des recherches complémentaires s’imposent pour comprendre les œuvres. Une option de zoom sur les photographies des œuvres serait aussi bienvenue : il est difficile de bien les observer, surtout lorsque l’on joue sur smartphone.

Fiche de Soudain l’été dernier de Martial Raysse sur Prisme7
© Centre Pompidou

Un autre point négatif est que les œuvres ne sont pas directement intégrées au jeu, elles se présentent plutôt comme des bonus à collecter. Pour les consulter il faut attendre d’avoir fini le niveau et se rendre dans une rubrique spéciale qui contient toutes les œuvres. Si le joueur ne fait pas la démarche d’aller consulter les œuvres qu’il a récupérées, il ne les verra pas.

Dans l’ensemble, Prisme7 est une très bonne découverte, le jeu est captivant et très agréable à jouer. Il nous plonge dans une ambiance poétique qui nous rappelle la création artistique et le Centre Pompidou. Bien que certains points puissent être améliorés, il reste un très bon accès à l’art pour des publics qui n’y sont pas forcément familiers. Je n’ai pas pu dépasser le niveau quatre à cause d’un bug que certains utilisateurs semblent partager avec moi, j’espère voir une version améliorée du jeu pour continuer l’aventure.

Bande annonce de Prisme7

Marianne Paillard

Page du jeu : https://prisme7.io/
Présentation du jeu : https://www.centrepompidou.fr/fr/offre-aux-professionnels/enseignants/ressources-educatives-en-ligne/jeu-video-prisme-7
Site du Centre Pompidou : https://www.centrepompidou.fr/fr/