Say it Loud : ville, culture et communauté

Depuis 13 ans situé à Barcelone, le festival coopératif de musique garde ses poings levés.

Né en 2008, « Say it Loud ! » est un projet mené par la coopérative catalane Quesoni depuis 2008 qui défende l’économie solidaire et qui a le but de créer des propositions culturelles alternatives au grand circuit massifié de Barcelone. Un autre objectif du cycle est de rapprocher des artistes internationaux qui n’ont pas encore aterri sur le territoire, et de montrer que les propositions nées de l’économie sociale, faites dans des espaces publics sans grands partenariats, peuvent aussi être référents dans l’offre culturelle de la ville.

Adaptation et diversification de l’offre

Le contexte sanitaire en 2020 n’a pas permis la réalisation du festival. Des activités parallèles ont été pourtant mises en place afin de garder non seulement l’offre culturelle, mais surtout d’assurer le maintien du projet et les artistes locaux affectés par la crise. Leur label discographique, Say It Loud ! Records, et la vente de vêtements de la marque du festival, par exemple, mobilisent des moyens pour réaliser les trois jours de concert ou, comme il a fallu ensuite, les éditions adaptées. C’était le cas des « Edicions Musicals Limitades » (début 2021), des petits concerts en format acoustique dans la libraire coopérative autogérée La ciutat invisible ; ainsi que de « Say it Loud al Castell » (juin 2021) – avec le soutien de la mairie de Barcelone -, un weekend dédiée aux interventions musicales et théâtrales gratuites dans le touristique Château de Montjuïc.

Et alors le festival ?
Vidéo de la dernière édition à Fabra i Coats

Au cours des 13 ans d’existence, le festival a tourné par plusieurs lieux publics de la ville et, l’édition annulée en 2020, a pu avoir lieu en novembre 2021 dans l’ancienne fabrique Fabra i Coats (lieu précédemment central de beaucoup de revendications syndicales et aujourd’hui au service de la culture). Le festival ne se prétend pas grand et, malgré l’énorme espace de la fabrique, c’est évident qu’il s’agit d’un festival relativement petit où d’un seul lieu on peut voir toutes les tentes de coopératives collaboratrices : celle des vêtements, de tapas, de bières artisanales, de disques etc.

Au contraire de l’ambiance des concerts au Château Montjuïc – où l’intervention et certain contrôle de la mairie était remarquable – l’ambiance dans la fabrique est accueillante et horizontale : ceux y travaillant assistent aussi aux concerts et ceux qui jouent se mélangent au public. Les artistes invités, même si internationaux, ne sont pas de grande circuit – ce qui aide à garde cette non-hiérarchie. Pour cette édition faite en trois jours, le festival a compté avec des artistes artistes étrangers, comme d’habitude on propose, mais aussi des artistes locaux. Cette fois-ci, Nadia Rose (Royaume-Uni), Vin Gordon (Jamaïque) et Frente Cumbiero (Colombie) ont partagé la scène avec les nouveaux artistes catalans comme Juli Giuliani, Extraño Weys et des collectifs de Sounds Systems des quatre provinces. Une adaptation qui, au-delà des objectifs initiaux du projet, a fini pour également pousser la production musicale du pays.