We Speak Hip Hop

« 45 ans après la naissance du Hip Hop, partez à la rencontre des héritier du Bronx. 1 disque, 28 voyages, Asie, Europe, Moyen-Orient, faites scratcher votre souris. Découvrez ces poètes de la rue qui portent l’espoir d’une jeunesse révoltée. » 

C’est de cette manière que se présente, le web documentaire interactif We Speak Hip Hop. Vina Hiridjee et David Boisseau-Chical nous présentent 28 vidéos réalisées sur une dizaine d’années. La série  sort en 2019 en partenariat avec Courrier InternationalWe Speak Hip Hop nous propose de découvrir l’oeuvre autrement. Ici, le vinyle et la souris sont les intermédiaires d’une découverte des rythmes et des engagements du Hip Hop.  A travers chaque «piste», nous accédons à un artiste, à un instant du genre musical, dans le monde. Nous pouvons nous arrêter sur une biographie, ou une vidéo (de 2 à 9 minutes) nous présentant des musiciens ancrés dans leurs temps et leurs pays. 

Via le diamant du vinyle, nous partons alors pour voyage temporel et planétaire, des inspirations Hip Hop. C’est enfin, une autre histoire qui nous est racontée.  Nous nous trouvons hors des origines du mouvement musical du Bronx, hors du récit, déjà tant de fois narré, de la Zulu Nation d’Afrika Bambaataa. Nous accédons ici à l’ampleur internationale des interprétations, appropriations et adaptations du genre musical. Même si les origines et les inspirations américaines sont perceptibles, c’est un autre regard sur le Hip Hop, qui nous est donné à voir.   

Le dispositif, fait résonner les voix du Hip Hop, magnifie tant les divergences que les convergences du mouvement.  

L’instinct de révolte et la poésie fusionnent en chaque représentation, en chaque interprétation, en chaque artiste. A travers tous ces musiciens, l’esthétique contestataire du Hip Hop est, belle et bien, visible. Dans les voix des artistes retentissent de réels espoirs de changements sociales et de revendications politiques. Sur les différents continents, les beats et  les lyriques du hip hop signent un manifeste contestataire. 

“Le rap est pour nous la seule manière de contester les codes et les rigidités de notre société.”

Afra, Japon

Si  l’engagement est l’une des valeurs communes de la culture hip hop, celle ci s’adapte à son environnement. En s’emparant du rap et des codes du genre, les artistes prennent le micro des protestations. Les messages portés, par les rappeurs sont ancrés dans des mouvements locaux et des revendications singulières. En 2006, le groupe Casa Crew exprime dans ses musiques la misère, le chômages et les maux du Maroc.  Le musiciens Faris, en 2013 au Pakistan, attaque la corruptions,  les violences sociales et  le terrorisme qui gangrènent son pays. Si les artistiques rappent dans leurs langues dans un but de revendications, ils apportent aussi  une singularité et une mélodie particulière. Les sonorités divergent, renforçant les poésies et la puissances des lyrique. 

Les différentes vidéos nous montre que la culture Hip Hop est riche par son adaptabilité, et ses variations. Les musique s’imprègnent des sonorité locales, usants des instruments traditionnelles. Degg J force 3 rap sur le son du gongoma  ou du m’bolon  guinéen. Le Hip Hop au Cambodge sample des musiques traditionnelles Khmers. Les cultures Hip Hop, et cultures locales se rencontrent. 

Dans ce dispositif interactif, le spectateur se fait son chemin. Si le disque vinyle toune, passant rapidement les artistes, les localités et les années, nous pouvons l’arrêter ou l’accélérer.  Nous pouvons décider de rester en Asie, ou  de  se concentrer sur 2017. On peut aller en 2001 puis revenir en 2007. 

Cependant, notre curiosité est attisée, mais pas satisfaite. Les vidéos nous propulsent dans un espace temps, sans vraiment nous y préparer. Nous entrons dans une dimension locale, culturelle et politique,  sans vraiment la comprendre. La définition d’un contexte nous manque. Si ce dispositif est un voyage à travers le temps et les continents, les étapes sont courtes. Nous aimerions que la découverte soit prolongée. Il nous manque une discographie des artistes et des biographies plus longues. Notre attention est éveillée, alors nous souhaitons en comprendre d’avantage. Il nous manque une histoire plus développée du pays, des politiques, des problématiques sociales et de la vie du mouvement hip hop local.  

Les derniers épisodes semblent dénoter. Ils sont tournés dans l’environnement aseptisé du centre culturel de Hip Hop à Paris. Avec pour « objet de médiation»  une mallette de vinyles, des artistes nous parlent des influences et des origines du hip hop.  Cette fois hors des rues, et du contexte, c’est d’avantage un récit qui nous est raconté. Les artistes se confient sur la mémoire du mouvement musical. Si toute l’histoire du Hip Hop est enivrante, par ce dispositif, on a l’impression qu’elle est celle du passé. Heureusement des alternances de  plans de concerts impose à la vidéo un regain de vie.  Les paroles passionnées des artistes nous montre une culture bien en vie. 

Alors ce web-documentaire interactif, nous présente la musique comme appartenant  à un mouvement (échangeant avec des influences et des interactions sociales). Il nous rappelle que le Hip Hop est contestataire, revendicateur, poétique et  fédérateur. Il  nous dit toute la passion des artistes, et  nous exprime leurs hargne. Il nous rappelle l’importance de  l’expression artistique et nous donne envie de nous lever. Enfin, il nous montre que la musique s’échange et se joue toujours avec un public. 

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