FLUP 2020 : de la périphérie carioca vers le monde

La programmation de la 9e Fête littéraire des périphéries aura lieu virtuellement avec participants de Rio et de 6 autres villes du monde

La FLUP – Fête littéraire des périphéries est un événement international dont la principale caractéristique est d’avoir lieu dans des territoires traditionnellement exclus des programmations littéraires (et culturelles en général) de la ville de Rio de Janeiro. Júlio Ludemir et Écio Salles, les organisateurs de l’événement, ont créé une foire littéraire à 3 dimensions :
une pour le jeune public, une qui serait le festival lui-même, une autre pour la formation d’écrivains.

Le projet vient aussi comme une critique à la FLIP (Fête Littéraire Internationale de Paraty) – un événement traditionnellement de légitimation littéraire, mais qui aujourd’hui, depuis le surgissement de la FLUP, s’ouvre plus aux manifestations littéraires hors les canons et avec d’autres protagonistes.

L’histoire

La première FLUP, à l’époque FLUPP – Fête littéraire des UPPs (Unité de police pacificatrice – projet gouvernemental de pacification des favelas), s’est passée en 2012 et le premier concept qui la guide est de faire un « 360 degrés » de la ville, c’est-à-dire que le festival regarde en arrière, non seulement le centre de Rio de Janeiro, mais les favelas, la baixada (comme la banlieue parisienne), les zones nord et ouest etc., à la recherche d’un moyen de penser la ville dans son ensemble et dans ses références les plus complexes.

Vers un autre protagonisme ?

Le processus de formation d’écrivains s’est concrétisé avec la parution de 21 livres d’auteurs issus des périphéries de Rio. On lui attribue l’émergence de la première génération d’auteurs originaires des favelas. Chaque édition est marquée par la rencontre de poètes, écrivains, penseurs et de la communauté locale, normalement partant d’une narrative autour des corps, ou des espaces, vulnérables – soit sanitaire, économique, environnementale, politique ou culturellement. Il n’est pas rare alors d’avoir les familles fondatrices des communautés participant du projet dans une visée de récupérer l’histoire de la communauté.

Affiche pour la promotion du Laboratoire

Partie de la formation de la FLUP 2020, le Laboratoire de narratives noires et indigènes pour l’audiovisuel offre une formation pour des potentiels scénaristes auto-déclarés noir.e.s, avec des rencontres virtuelles hebdomadaires sous la direction de grands noms brésiliens dans le domaine. L’objectif est de remplir un trou dans la production audiovisuelle brésilienne et encourager la création d’oeuvres puissantes et créatives, en partant du principe que seulement ces personnes peuvent réinventer leur place dans la dramaturgie du pays.

Ouverture de public malgré le contexte de crise

Face aux nouvelles restrictions globales, la formation s’est passée virtuellement entre mai et août 2020 et la programmation de l’édition de 2020, depuis octobre, est diffusée à partir de leur page Facebook et de leur chaîne Youtube. Cette fois-ci, le festival franchit les barrières géographiques et à Paris, Edimburg, Madrid, Lisbonne, Berlin e Johannesburg ses débats s’orientent par les effets sociaux après George Floyd.

“Les festivals sont en train de perdre l’une de leurs caractéristiques les plus importantes: la place de la rencontre, des échanges, de la création de réseaux de relations. De l’autre côté, il arrive un public qu’aucun festival n’a jamais eu. Notre formation de cette année, par exemple, sous la forme d’un cycle de débats “Une révolution appelée Carolina » (un hommage à l’auteure Carolina Maria de Jesus),par exemple, il n’y a eu aucune live où on a parlé à moins de mille personnes. Ce public nombreux est encore plus divers, on parle maintenant aux gens de tous les coins du Brésil, voire même d’autres pays lusophones.

Júlio Ludemir, l’un des fondateurs de la FLUP.