UNjE. Solo performatif en foyer monoparental.

Performance suspendue, grave et poétique d’une comédienne à bout de souffle.
UNjE, de et avec la comédienne Assaï Blanchard

Dans les dernières heures libres du mois d’octobre, un petit spectacle – qui a tout d’un grand – fait sa première. Une première pour une dernière.

Un temps suspendu, au sous-sol de la Cave Poésie, niché sous une voûte occitane de briques roses.

UNjE nous parle si l’on a eu un jour un rapport quelconque avec une agence dédiée à l’emploi. UNjE nous parle aussi si l’on a eu un rapport avec l’Administration. UNjE nous parle, si l’on vit actuellement dans ce monde, tout court. UNjE résonne d’autant plus cruellement en ces temps où la culture subit la pression d’un étau viral et bureaucratique.

Cette bureaucratie, c’est nous qui l’incarnons lors de ce « solo performatif en foyer monoparental ».

D’abord alié·e·s à la comédienne, uni·e·s dans l’attente de notre tour, de notre sentence. Nous lui faisons ensuite face, alors qu’elle-même fait face aux absurdités contemporaines. Incarnées par nous, tournées en dérision par elle.

Natacha est comédienne. Natacha est aussi mère, et elle est seule. Natacha galère. Elle rêve de scènes immenses sur lesquelles elle camperait Hermione. Mais elle vient de changer de conseillère, et elle va à nouveau devoir justifier, expliquer, prouver. Elle ne craque pas mais son visage se fige. Elle pleure presque mais préfère faire rire. Elle se dévoile et parle de ses rêves. Elle dissèque ses émotions, ses tenues, sa journée et nous livre tout. Elle se change mais ne quitte pas notre champ de vision. Elle est scrutée. Nous la scrutons. Elle saute avec agilité de la crèche aux grands débats nationaux.

L’absurde, porte de sortie nécessaire pour Natacha

Comme une dernière inspiration avant une apnée culturelle qui a déjà duré plusieurs semaines.

Comme un cri, une explosion, une gueulante face aux impasses kafkaïennes de notre monde moderne.

Comme un conte, une palette, un tableau, une mélodie.

Nous sommes touché·e·s par la photographie, suspendu·e·s à ses réponses, ses mimiques ou ses chants.

Nous sommes bouleversé·e·s par son phrasé comique, hilares devant ses accents tragiques.

De près ou de loin, elle nous rappelle deux femmes, artistes en leur genre.

Julie Ferrier, pour ses personnages, ses changements de tenues et ses grimaces.

Charlie Rano, pour ses accents absurdes, et sa tragicomédie.

En espérant la revoir un jour.

En espérant viscéralement rire encore sous cette voûte.

De et avec : Assaï Blanchard
Collaboration artistique et régie : Louise Tardif
Vu à la Cave PO’ mercredi 28 octobre 2020, veille de confinement.
71 Rue du Taur à Toulouse