« Henri » : les pépites méconnues de la Cinémathèque française

Chaque soir à 20h30 La Cinémathèque française propose au grand public, via la plateforme Henri (lancée en ligne le 9 avril 2020), de découvrir des films rares, méconnus et inédits qui ont fait l’objet d’une restauration ces vingt dernières années.

© Cinémathèque française

Baptisée « Henri » en hommage au fondateur de La Cinémathèque française Henri Langlois, la plateforme fut créée, nous explique le directeur général Frédéric Bonnaud, afin de répondre « à un contexte très particulier », celui de l’épidémie de Covid-19 et à la nécessité de « poursuivre sa mission de transmission et de découverte. » Par ailleurs, Frédéric Bonnaud souligne combien l’institution de La Cinémathèque française reste « très attachée à la projection et à l’émotion partagée dans une salle ».

« Si les grands films de l’histoire du cinéma peuvent se regarder aujourd’hui sur ordinateur et en VOD, c’est parce que Langlois et quelques autres ont commencé par les sauver de la décharge, avant de les programmer, inlassablement, sans se soucier des modes et du temps qui passe ». F. Bonnaud

Les films à disposition sont ceux dont La Cinémathèque possède les droits de diffusion. La programmation, riche et variée, propose ainsi des films muets pionniers du 7e art, mais aussi des court-métrages et des documentaires des années 80.

En parcourant le site et les différents films à disposition, j’ai jeté mon dévolu sur un sérial [1], (appelé aussi « film à épisodes »), intitulé La Maison du Mystère, réalisé en 1922 par Alexandre Volkoff.

© Cinémathèque française

Ce film à épisodes est basé sur un roman populaire de Jules Mary qui fut un grand succès lors de sa parution en épisodes dans Le Petit Parisien. Volkoff et Mosjoukine en assurent l’adaptation qui se veut fidèle, celle-ci contenant tous les ingrédients indispensables : jalousie, meurtre, naissance cachée, exil au bagne, numéro de cirque et course poursuite dans un train !

Si les situations sont parfois stéréotypées, le film lui avance avec un rythme souple prenant le temps de bien situer chaque personnage. Un jeune homme, Julien, époux de la belle Régine, attise par son bonheur et sa réussite, la jalousie de son ami, Corradin, lui aussi amoureux de la jeune femme et déterminé à nuire à son collègue pour parvenir à ses fins…

Les titres des épisodes, pensés comme des titres de chapitres pour accompagner les spectateurs, donnent l’idée directrice du contenu qui va se dérouler. Mais attention pour les plus curieux, ne vous divulgâchez [2] pas l’histoire, certains titres en disent beaucoup trop  !

© Cinémathèque française

Ce genre de film visait donc principalement à divertir le public, mais il pouvait aussi, aux mains de grands réalisateurs, créer des œuvres profondément originales ou d’une grande beauté artistique. La cinématographie de Joseph-Louis Mundwiller est à cet égard remarquable. Le mariage des jeunes amoureux est traité en ombres chinoises avec tous les personnages en silhouettes comme dans un dessin animé de Michel Ocelot, empreint d’un grand onirisme poétique.

© Cinémathèque française

Voilà la force de La Maison du Mystère : un tournage tantôt en décors d’intérieurs feutrés et intimistes, pleins de charme des années 20, raffinés et auréolés de lumières, tantôt en décors extérieurs somptueux et gigantesques. Les grands espaces de tournage dans la région du sud-est, sont extraordinaires, encore sauvages, dignes d’accueillir les plus belles acrobaties des acteurs. Amis sérivores et cinéphiles, ce sérial est à bingewatcher de toute urgence ! Sautez donc le pas de la simple curiosité et allez chiner à votre tour sur la plateforme HENRI et vous trouverez peut-être vous aussi, qui sait, une perle rare…


[1] C’est un type de film ayant un métrage étendu séquencé en plusieurs épisodes selon le principe du roman-feuilleton et ayant connu son heure de gloire dans la première moitié du XXe siècle.

[2] Divulguer prématurément un élément-clé (d’une intrigue, d’un jeu, etc.) susceptible de gâcher une partie du plaisir.