Freestyle 2.0 Version Battle
Le week-end du 12 et 13 décembre 2020 se place sous le signe de la culture street. La Villette propose son événement au format numérique sur Facebook et sur son site internet cette année. Elle retransmet en direct de la Grande Halle les nombreuses battles du Freestyle 4 House – Master Guest Cypher et les défilés chorégraphiés de l’Open Mode. Pendant deux après-midis intenses on bouge au rythme des danseur.ses venant de tout horizons.
Petite entrée en la matière avec JP Mano
C’est sur la plateforme Zoom que l’on retrouve en musique DJ JP Mano, également coach vocal, historien de la musique afro-américaine et référence musicale à l’international. Pendant une heure il nous fait revivre les origines du hip hop, en nous présentant les figures emblématiques, la philosophie de cette culture ou encore les premiers tubes de rap. Cette intervention a été très riche et instructive, sur une culture encore trop méconnue. Comment est apparu le breakdance ? Qui est le MC ? Quelle est la place du DJ ? JP Mano nous permet de distinguer les différentes pratiques inhérentes à la culture hip hop (la danse, le DJing, le MCing, le beatboxing, le graffiti) qui sont les cinq piliers de cette culture issue du Bronx. Cette intervention passionnante n’a sûrement pas eu la visibilité qu’elle méritait. C’est regrettable que les organisateurs de l’événement n’aient pas plus insisté sur cette première partie, pourtant pas négligeable, qui permettait vraiment de s’imprégner de la culture hip hop, mise à l’honneur pendant tout le week-end.
Place au show
Pour l’ouverture de l’événement, rediffusé en direct de la Grande Halle, nous assistons à un show du crew Paradox-sal, 100% féminin, qui mélange des styles de danse venant de cultures différentes. On enchaine avec les battles, portées par DJ Kapela aux platines. Au total, ce sont six groupes qui s’affrontent au cours de trois battles. C’est à nous de voter sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) pour notre crew préféré. Ils ont quinze minutes pour nous époustoufler en adaptant leur style d’origine au son de la house music. Cette dernière n’est pas forcément leur musique de prédilection, c’est pourquoi nous avons droit à des petites démonstrations des talents de chacun.e entre deux battles (waacking, popping, jazz rock…), histoire de comprendre l’ampleur de leurs talents. Cette après-midi au rythme des sons électroniques nous replonge dans la culture club, qui est malheureusement un si lointain souvenir, et nous donne envie de danser dans notre salon.
Open Mode: défilés chorégraphiés
Ce week-end aux couleurs de la street culture continue avec les défilés chorégraphiés de l’Open Mode. Il s’agit du premier festival de mode gratuit, ouvert à tous. Il permet aux jeunes créateurs et créatrices de mode inspiré.es par les courants urbains de présenter leur travail dans un contexte tout à fait original. Iels travaillent en collaboration avec des troupes de danseur.ses pour nous offrir un défilé chorégraphié qui met en valeur leurs créations.
Cette année le mot d’ordre est l’inclusivité; pour la première fois le festival reçoit des dragshows, qui créent des instants de pause entre les défilés. Les messages portés par les chorégraphies sont également très forts, on a pu voir par exemple la troupe Lad’his, habillée par la marque Tricote moi un tatoo, aborder le problème de la violence faite aux femmes. Les créateur.ices prônent également une vision écologique de la mode et nous proposent des collections issues de l’upcycling. La mode et la danse s’allient pour porter des valeurs communes et le rendu est puissant.
Un festival qui se réinvente
Le festival Freestyle 2020 a su prendre le tournant du numérique pour continuer d’exister malgré la crise culturelle que l’on traverse. Originellement, ce festival a pour vocation d’être grand public et d’ouvrir la notion de culture à un horizon plus vaste. La Villette reçoit cet événement chaque année depuis cinq ans au coeur du 19e arrondissement pour mettre à l’honneur la culture urbaine et les jeunes (et moins jeunes) acteur.ices de cette culture. En 2020, iels réussissent réellement à devenir un festival pour tous et toutes grâce aux plateformes numériques. Plus seulement réservé aux parisien.nes, le festival s’ouvre à tout le monde. Avec des médias tels que Trax Magazine qui en font la promotion et dont l’article a été partagé par des milliers de personnes, l’événement touche un public plus large et moins restreint. Evidemment, on perd un peu de l’atmosphère du show derrière un écran, mais les speakers ont su animer les lives pour les rendre vivants.