Girl : Folie Curieuse #9 à l’American Cosmograph
Le mardi 21 janvier 2020, le cinéma l’American Cosmograph à Toulouse proposait une projection suivie d’une rencontre avec un psychologue et psychanalyste. Le film mis à l’honneur était Girl (2018), un film de Lukas Dhont qui questionne sur le genre et l’identité. C’est l’histoire de Lara, une adolescente transgenre qui a deux rêves : devenir danseuse étoile et se faire opérer afin d’avoir le corps biologique d’une femme.
Le cycle « Folie Curieuse », construit en partenariat avec l’association Santé Mentale France Croix Marine Midi-Pyrénées, se propose de présenter (à intervalles irréguliers) des œuvres cinématographiques qui touchent à la thématique de la folie pour amener le public à s’interroger sur la place que lui accorde notre société. Étonnant de choisir un film qui traite le sujet transgenre pour un événement mettant en avant des sujets sur la folie… Avant la projection du film, une employée du cinéma prend la parole pour expliquer ce choix. Le cinéma voulait un film traitant de l’adolescence car c’est une période compliquée, qui peut s’apparenter à la folie. Girl aurait été choisi pour son aspect sur l’adolescence et la recherche d’identité, et non pour le sujet transgenre.
La psychiatrie étant très importante pour l’équipe du cinéma, ils tiennent à faire venir de temps en temps un psychiatre pour débattre et échanger sur divers sujets.
A la fin de la projection, le psychiatre se lève, prend le micro et introduit le débat, face à la salle. Les termes et expressions employés choquent le public, lançant un froid glacial. A la fin de son introduction, il propose au public de prendre la parole afin de lui poser des questions et lancer le débat. Personne n’ose réellement, jusqu’à ce qu’une psychologue, mère d’un transgenre, prenne la parole pour exposer son point de vue : elle est totalement choquée par les propos qu’elle a entendu et trouve cela inadmissible. Soutenue par beaucoup de monde dans la salle, cette femme argumente ses propos et montre clairement son mécontentement. Le psychiatre, ne sachant pas comment se rattraper, s’emmêle dans son discours. L’équipe du cinéma, dépassée par les événements, tente de rattraper les propos du psychiatre, d’expliquer ce qu’il a voulu dire, de le défendre auprès des spectateurs, sans grande réussite.
A la suite de cela, quelques personnes ont pris la parole pour souligner la beauté du film, puis le débat s’est arrêté, sans aller plus loin.
Je trouve que le principe de la rencontre après la projection d’un film est très intéressante et peut très bien se dérouler. Dans ce contexte, plusieurs mauvais choix ont été fait. Tout d’abord le choix d’un film sur le sujet transgenre, sans vouloir réellement en parler, cela prête à confusion. La transidentité étant le thème principal du film, ne pas en parler aurait été une erreur.
De plus, le psychiatre est certes, spécialisé dans l’adolescence, mais la transidentité n’est pas son domaine, et il ne paraissait pas plus légitime d’en parler que les autres personnes présentent dans cette salle. Ces propos ont porté à confusion, l’ont décrédibilisés et cela a créé un grand malaise.
L’équipe du cinéma a très bien réagi, ils ont agi en équipe, chacun a pris la parole pour modérer les propos de l’intervenant, et ils ont réussi à clôturer la séance en bonne entente.
Ce cycle Folie Curieuse a lieu de façon irrégulière. Peu de communication est faite à ce sujet. Sur le site internet, l’événement est proposé comme les autres, quelques flyers sont distribués quand la date se rapproche et c’est tout.
Le prochain événement Folie Curieuse #10 aura donc lieu le lundi 16 mars à 20h30, avec un film documentaire portant sur un homme atteint d’autisme, son regard et son ressenti de lui-même. Les invités pour le débat seront Catherine Chollet Fouks, pédopsychiatre responsable d’une unité d’évaluation de l’autisme, et Sabine Iglésias, membre de l’UNAFAM (union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques).