Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait et des dettes
En pleine période du salon de l’agriculture 2020, est sorti le film documentaire de Rodolphe Marconi intitulé Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes.
Après des films comme Au nom de la Terre réalisé par Edouard Bergeon ou encore Petit Paysan par Hubert Charuel, le cinéma s’intéresse au monde de l’agriculture ou plutôt de l’agriculteur. Souvent filmés de manière intimiste, ces films mettent en exergue une controverse sur la condition des agriculteurs et la fracture générationnelle qui succède aux Trente glorieuses et à la révolution industrielle.
Rodolphe Marconi propose ici un film social et anthropologique en immersion dans le quotidien d’un jeune agriculteur auvergnat, Cyrille, qui a repris la ferme familiale et essaye de la faire perdurer. Le réalisateur rencontre Cyrille sur un plage, il lui conseille se baigner bien que la mer soit fraiche et celui-ci lui répond qu’il ne sait pas nager. Après de brèves présentations, Rodolphe comprend la détresse dans laquelle se trouve Cyrille et lui demande si il peut venir le filmer, chez lui, dans sa ferme.
Dans ce film documentaire on trouve d’abord la solitude chez cet agriculteur qui vit chez son père et n’a que très peu de réels contact sociaux si ce n’est sur les marchés sur lesquels il vend son beurre. S’en suit ensuite des problèmes financiers importants dus à des emprunts pour se mettre aux normes agricoles de l’époque ainsi que des pertes au niveau de son élevage dû à la maladie. Cyrille gère à lui seul cette ferme de 20 vaches, il ne se verse pas de salaire et travaille toute l’année sans aucun jours de repos.
Dans le film on peut voir que l’agriculteur est attaché à ses bêtes, la liquidation judiciaire l’attriste énormément et il va devoir abandonner ces vaches qu’il a vues naître et qu’il a élevées. Le film est très touchant car il arrive à capter les émotions de Cyrille, on y trouve de belles images à la Edward Hopper et des silences qui en disent long. Il met en évidence la triste réalité du monde de l’agriculture dans lequel se repend une vague de liquidations judiciaires et de suicides (2 par jour). En cause les demandes des institutions et des lobbys aux agriculteurs de se mettre aux normes hygiéniques et industrielles pour produire plus. Le résultat est amer et laisse une grande partie de paysans sur la sellette avec des dettes démesurées et un futur incertain.