AlUla : une oasis rêvée au coeur de l’Institut du monde arabe

Moucharabiehs de l’Institut du monde arabe – Elsa Témoin Fabien

L’institut du monde arabe (l’IMA) abrite jusqu’au 8 mars 2020 une exposition enchantée sur la vallée d’ AlUla  : une région d’Arabie Saoudite gorgée d’eau et de récits merveilleux. « AlUla, merveille d’Arabie » s’organise autour d’un dispositif visuel spectaculaire qui plonge les visiteur.euse.s dans une histoire qui dure depuis l’Antiquité.

Placé entre la Seine et la faculté de Jussieu, l’Institut du monde arabe ne passe pas inaperçu. Cet ouvrage pensé par Jean Nouvel et son équipe donne à voir une architecture occidentale emprunte d’une esthétique arabe. Les 240 moucharabiehs de la façade principale attirent les passant.e.s les plus pressé.e.s. Cet assemblage de carrés métalliques se meut grâce à un système de diaphragmes qui s’ouvrent et se ferment en fonction de la luminosité.

L’intérieur, plus classique, accueille une programmation foisonnante qui promeut la culture arabe ancienne et actuelle. Il suffit de monter quelques marches pour découvrir les aventures d’AlUla, la plus grande oasis d’Arabie saoudite. La première salle de l’exposition ne laisse aucun doute : le parcours sera spectaculaire.

site de l’IMA, Yann Arthus-bertrand, Hope Production

Une plongée sensorielle et historique

Les écrans géants ouvrent la marche d’une farandole d’éléments visuels qui participent à l’immersion des spectateur.rice.s. Les photos et vidéos, capturées par Yann Arthus-Bertrand, montrent des canopées verdoyantes  qui cohabitent avec des vastes massifs de grès et de basalte. Les cartes (dont une animée et en relief) permettent de situer cet îlot mystérieux et les vestiges archéologiques de s’y projeter.  Cette immersion oculaire est appuyée par une immersion olfactive puisqu’un discret parfum de figuier et de grenade se dégage dans certaines salles.  

 Si l’exposition est riche visuellement, elle cherche aussi à donner de nombreux éléments historiques. Des panneaux explicatifs retracent la presque épopée de la vallée. Depuis 7000 ans, cette dernière a accueilli des civilisations telles que les Dadanites et Lihyanites. Ces peuples ont participé à l’expansion de l’oasis en développant l’agriculture et des techniques pour puiser l’eau. De sorte que cet endroit aride est devenu un vivier de palmiers, d’arbres fruitiers et de légumineuses.

Gros plan sur les arbres fruitiers – Elsa Témoin Fabien

La politique de la culture

« AlUla, merveille d’Arabie, l’oasis aux 7000 ans d’histoire » fait partie des nombreuses expositions de l’IMA qui cherchent à montrer la diversité de la culture arabe. La construction de ce bâtiment n’est pas neutre. Elle a été décidée sous le mandat de Valéry Giscard d’Estaing dans le but  d’améliorer les relations diplomatiques entre la France et les pays arabes.

Cette dernière exposition témoigne d’une volonté d’apporter un nouveau regard sur le Moyen Orient. Elle a cependant suscité des critiques à cause d’une carte de l’exposition indiquant les pays avoisinant l’Arabie Saoudite sauf Israël. Certain.e.s ont vu dans ce choix un parti pris de Riyad, principal financeur de l’exposition, hostile à l’Etat d’Israël. Une carte « conforme » avec les pays reconnus par l’Etat français a finalement remplacé l’ancienne. Cet exemple montre que la culture n’est pas neutre et que le moindre objet exposé peut être au cœur d’enjeux politiques plus importants.