Charlie Chaplin, l’homme-orchestre à la Philharmonie de Paris une plongée dans le génie artistique de Charlie

Charlie Chaplin, l’homme-orchestre est un joyeux saut à pieds joints dans l’univers du célèbre cinéaste et compositeur.
Admirateurs du petit vagabond, amoureux de l’hybridation des arts ou simplement curieux de (re)découvrir l’oeuvre de cet artiste de génie ne manquez pas cette exposition qui se tient à la Philharmonie de Paris, du 11 octobre 2019 au 26 janvier 2020.

Un portrait en kaléïdoscope

Chaplin lors de sa première tournée avec la troupe de Fred Karno, juin 1911 © Roy Export Co. Ltd

Sam Stourdzé et Mathilde Thibault-Starzyk, commissaires de l’exposition, ont choisi une approche thématique afin de retracer la carrière de Charlie Chaplin, rendant ainsi hommage à ce talentueux artiste aux multiples casquettes (ou plutôt chapeaux en l’occurrence).

L’exposition s’ouvre sur ses débuts de pantomime au music-hall dans les années 1910 à Londres. Issu d’une famille modeste, mais déjà bercé par la musique avec un père et une mère chanteurs de music-hall, le jeune Charlie est amené dès l’âge de quatorze ans sur les planches.

Le parcours invite le spectateur à découvrir le personnage si savoureux de Charlot, son identité corporelle et rythmique marquée qui en a fait dès les débuts un personnage reconnaissable entre mille.

Charlie Chaplin dans les temps modernes, 1936 © Roy Export Co. Ltd
Chaplin en répétition avec le Abe Lyman Orchestra, 1925 © Roy Export Co. ltd

Le cinéma muet de Chaplin est loin d’être silencieux, peuplé de bruits et de musicalité. Tout ses talents sont mis au service de la création de son cinéma : réalisateur, comédien, danseur, mime, musicien, compositeur, chef d’orchestre, bruitiste.

Pour écouter la playlist musicale de l’exposition c’est par ici

Une scénographie immersive qui ravit petits et grands

Les espaces invitent le spectateur à déambuler librement et découvrir l’humour mordant et la poésie de Chaplin, à travers photographies, extraits de films, affiches de cinéma, partitions.
Dès l’entrée le visiteur sait à quoi s’attendre : on lui propose d’enfiler un chapeau melon et une veste de costume noire. On nous invite à nous mettre dans « la peau du personnage ».

Vue de l’exposition ©TaniaTsikounasRFI

La société de scénographie Freaks Architecture a construit un parcours à l’image d’un plateau de tournage : des cloisons semblables à des façades de maisons, des portes, des fenêtres, des lumières blanches franches et des ombres marquées qui mettent en valeur les textes. Plusieurs grands écrans proposent au visiteur des moments dignes de projections de cinéma avec des extraits cultes de films de Charlie Chaplin tels que La ruée vers l’or, Les feux de la rampe, Les temps modernes, Le Kid, Le dictateur etc.


L’humour de Charlie Chaplin trouve un écho dans l’attention portée à l’aspect ludique de l’expérience du visiteur. Une machine à bruitages, des tablettes tactiles permettant de faire correspondre bandes sonores et extraits filmiques, un hologramme de Charlot… Impossible de s’ennuyer !

Un bon point pour la médiation envers le jeune public

Cette exposition est un vrai paradis pour les enfants : des portes cachées, des passages secrets. Enfin un lieu où il est permis de courir partout à sa guise ! La malice de Charlot est communicative, on entend partout des éclats de rire et des petits pas de danse sont improvisés de tout côté.
Des outils de médiation sont mis en place pour aiguiser les sens des enfants et leur proposent de devenir eux même acteurs de la création. La machine à bruitage les incitent à être attentif au rapport son-image et attendre le bon moment pour lancer le bruit adéquat à l’action qui se déroule dans l’extrait filmique projeté.
Un petit Charlot en bois tout démantelé est à reconstruire dans la partie consacrée aux influences de Chaplin sur l’art de son temps. C’est un bon moyen pour les enfants de mettre un premier pas dans l’univers surréaliste de Fernand Léger, Man Ray et George Antheil qui ont conçut le Ballet mécanique en 1924, où Charlot apparaît comme un motif de modernité.

Cette exposition offre au visiteur averti ou curieux une immersion dans le génie en ébullition de Chaplin. Le lien entre musique et cinéma est inextricable, à tel point que le cinéma parlant des années 1930 ne parviendra pas à faire vaciller le cinéma muet de Charlie.

J’ignorais que Charlie Chaplin endossait autant de rôles […] et qu’il était le créateur unique de ses films. Ce qui m’a marqué c’est qu’il donnait vie à ses films par un travail monumental.
Enzo M., 24 ans, visiteur du 03/11/19

Emilie Deschamps