À la croisée des sciences et de l’art : la résidence photographique 1+2
L’exposition «Photographie & Sciences» s’est tenue du 30 octobre au 28 novembre 2021. Nous avons assisté pour vous au vernissage de cette magnifique et vibrante résidence le samedi 29 octobre à la Chapelle des Cordeliers (qui trône au 13, rue des Lois de Toulouse depuis le XIIIème siècle). L’évènement a rassemblé une centaine de personnes, qui ont pu admirer en exclusivité les œuvres.


UNE THÉMATIQUE 100% ENVIRONNEMENTALE
Mettant à l’honneur les travaux effectués par les photographes documentaires Grégoire Eloy, Myriem Karim et Laure Winants, la résidence offre la visibilité à des projets photographiques singuliers, qui partagent et subliment un terrain commun. C’est effectivement autour de la thématique des sciences environnementales (géologie, écologie, astronomie, climatologie,..) que gravite l’évènement.
Des clichés du glacier pyrénéen d’Ossoue et du pic du Midi de Bigorre envahissent la Chapelle des Cordeliers, la transformant en véritable écosystème occitanien. L’aménagement du lieu est quant à lui sobre, simplissime ; ce qui accentue la majestuosité et la vibrance des photographies. Ces-dernières créent au sein de la chapelle un contraste lumineux perpétuel : l’alternance de l’éclatant blanc neige s’unit au noir mat et bleuté des roches géologiques.


Fruit du solide partenariat entre la municipalité de Toulouse et le programme artistique régional Résidence 1+2, l’évènement se voit apporter un soutien financier, partenarial, artistique et scientifique de la part d’établissements de renom tels que le CNRS, le Cnes ou encore la Cité de l’espace.
en mettant la nature au cœur même de leur démarche, les photographes en font leur objet d’étude et d’expérimentation au même titre que les scientifiques
Héloïse Conésa (Conservatrice du patrimoine, chargée de collection à la Bibliothèque nationale de France et marraine de la résidence) lors de son discours inaugural le 30 octobre 2021 au Muséum de Toulouse
UN ÉVÈNEMENT PLURIDISCIPLINAIRE ET MULTIPLE
Cette résidence est bien plus qu’une simple exposition. Elle s’impose effectivement comme une source d’acquisition d’expériences et de pratique très diverse. Sont ainsi proposés :
- Une visite virtuelle (l’espace a été intégralement numérisé par Matterport)
- Un colloque d’une journée au Muséum de Toulouse. Au programme : la projection du film de création réalisé par Margaux Chataux suivi d’un débat, des tables rondes sur le thème de la glaciologie et de la photographie climatique, des discours et des présentations des différents projets
- L’édition de trois livres rassemblant les travaux des exposants (aux éditions Filigranes)
- Des conférences et rencontres dans différents lieux culturels toulousains tels que le Centre Bellegarde ou encore l’Institut supérieur des arts et du design
TOULOUSE ET LA RÉGION OCCITANIE MISES À L’HONNEUR
En plus de sensibiliser à la protection de l’environnement et du climat et à l’écologie, la démarche de médiation s’axe sur la mise en valeur du patrimoine naturel occitanien. Le dispositif mis en place vise à faire découvrir aux visiteurs des lieux autrement inaccessibles, qui semblent venir d’un autre univers et d’un autre temps, mais qui sont pourtant si proches de nous. Ainsi, l’objectif premier de la médiation est de rendre visible aux citadins les objets faisant partie du patrimoine naturel régional.
La «beauté sublime» de la nature se voit ainsi révélée au travers de l’art photographique et de l’explicitation, par les médiateurs, de la démarche et de l’envisagement créateur des artistes. Le challenge de cette médiation reste de couvrir la pluridisciplinarité de l’évènement, tout en engageant le public dans ce que Jean Davallon désignerait comme «un processus de reconnaissance du statut patrimonial des œuvres exploitées».

LE PUBLIC CIBLE : SCIENTIFIQUES, CONNAISSEURS & PASSIONNÉS
Malgré les explications détaillées et concises prodiguées aux spectateurs, nous nous sommes vite rendu compte que seule une tranche particulière du public pouvait comprendre et appréhender pleinement cette exposition. En effet, son caractère scientifique restreint son accessibilité, notamment au jeune public. Les projets artistiques des artistes possèdent un niveau de complexité et d’interprétation difficiles à saisir (mais particulièrement fascinants et enrichissants lorsque c’est le cas).
Ils nécessitent en effet la possession d’un minimum de connaissances sur la thématique (qui induit un travail de renseignement préalable qui n’est pas à la portée de tous). Nous noterons toutefois que l’acquisition de certaines connaissances est rendu possible sur place grâce à un groupe de médiateurs dynamiques formés sur le sujet.
De plus, après avoir porté une réflexion sur le rôle de la numérisation de l’exposition, nous nous sommes rendu compte que celle-ci offrait un soutien considérable au dispositif de médiation. Elle permet effectivement de (re)considérer les œuvres sous un œil plus aguerri et ainsi combler les potentielles incompréhensions et frustrations laissées par la visite physique du lieu.
Mot de la fin : ce vernissage a été pour nous une initiation et une très belle découverte de la rencontre entre deux mondes. Nous avons particulièrement apprécié dialoguer et nous questionner sur des processus créatifs nouveaux et hybrides.

Par Célia Simionati & Justine You