Soirée Dark et d’essai: Mulholland Drive à l’ABC
Le jeudi 24 mars dernier l’ABC projetait le célèbre Mulholland Drive de David Lynch, sorti en 2001. Figurant dans de nombreux classements des meilleurs films, il y avait salle pleine pour voir ce classique sur grand écran (ou bien pour le découvrir, pour mon propre cas), précédé d’une médiation afin de mieux appréhender l’œuvre. Au programme, explications, quizz et restauration attendaient les spectateurs.
(Re)voir Mulholland Drive sur grand écran
L’ABC est un cinéma associatif indépendant, situé en plein centre-ville de Toulouse. Là-bas, on y voit peu de gros films d’actions avec beaucoup d’effets spéciaux mais les spectateurs ont accès une sélection assez éclectique avec des documentaires et des fictions de tous genres. Au-delà des projections et des nouvelles affiches, l’ABC organise régulièrement des rencontres entre acteurs du milieu cinématographique et le public, que ce soit un réalisateur ou bien un chercheur par exemple.
Pour la projection du 24 mars autour de Mulholland Drive, il ne s’agissait pas d’experts mais plutôt d’une rencontre d’amateurs, entre un public qui venait découvrir ou revoir le film, et des « ambassadrices » bénévoles qui présentaient le film et animaient un quizz avant la projection. Cette médiation a duré trente minutes. S’en est suivi le film durant presque 2h30. Enfin, pour ceux qui le souhaitaient, une petite collation était offerte au niveau de la billetterie à la fin de la projection.
Du jeu pour découvrir l’univers de Lynch
L’animation était organisée par des ambassadrices sélectionnées par l’équipe de l’ABC. Dans l’idée de faire vivre les salles du cinéma, les ambassadeurs âgés de 15 à 25 ans doivent être des « passeurs ». L’objectif affiché est de partager des films vus récemment et d’en faire la promotion auprès des jeunes de leur tranche d’âge. Selon la présentation, l’idée est également de rendre accessible certains chefs d’œuvre à ceux qui méconnaissent le cinéma. Pour ce film, l’idée était de créer un jeu sous forme de quizz, ce qui permettait également d’aller chercher les connaissances du public et de les faire partager.
Durant la présentation, quelques mots sont énoncés sur David Lynch, sur l’utilisation de la musique dans ses films, ou bien sur la dualité qu’il intègre dans ses œuvres, entre le bien et le mal par exemple. Ensuite, vient le quizz. Le cauchemar de ceux qui utilisent des outils numériques se met alors en route : malgré tous les efforts, rien ne se passe et aucun signal n’est capté. Après quelques minutes d’essai, un plan B est tenté et on tente alors de poser des questions à la volée sur David Lynch et ses œuvres. Les personnes qui répondent juste ont droit à des récompenses. Après une quinzaine de minutes, le film est ensuite lancé!
Une médiation pour les connaisseurs
Si je n’avais jamais vu le film jusqu’alors, sa réputation, ainsi que celle David Lynch le précédaient. A priori, il s’agissait d’un film dont on ne comprenait pas la fin et avec un univers spécifique, apporté par son réalisateur. J’aime bien regarder des films mais il s’agit typiquement du genre de films que je n’ose pas regarder toute seule car je finis par être découragée. Ainsi, avoir le confort d’être dans le noir sans pouvoir faire autre chose que regarder et surtout, avoir une médiation avant la projection, c’était sacrément bienvenu !
Le problème technique a dû être déstabilisant mais le gros problème était qu’aucun moyen ne permettait de donner la réponse à tout le monde en même temps. Le micro ne circulait pas, les réponses étaient inaudibles pour les autres, et personne ne répétait ce qui avait été dit. De plus, il manquait quelques contenus en plus. « Quel film est sorti en telle année ? » « En quelle année est sorti le film ? » « Quel est la particularité de ce personnage ? ». Il aurait peut-être simplement fallu en raconter plus que « Sailor et Lula », « 2001 » ou « blond » car on ne savait pas vraiment que faire de l’information.
Généralement, il manquait quelque chose pour que la médiation se révèle utile. N’ayant pas une grande connaissance du cinéma ou plus spécifiquement du film en question et de son réalisateur, je faisais partie du public cible. Au-delà des problèmes techniques, il y a aussi un écart entre les objectifs affichés de toucher un public qui ne regarde pas ce type de films et le contenu de leur médiation. Le quizz peut donner un côté ludique et/ou amusant mais par exemple le principe de récompense est un peu contradictoire car le cadeau est donné à celui qui sait. Les autres étaient bien contents d’avoir pu voir le film mais sur le plan de la médiation, ils repartaient comme ils étaient venus.