La Revue des Spectateurs Art&Com

Médiations et publics | n°3 – Edition 2021-2022

Spectacle

« Journal de la femme canon », spectacle de cirque contemporain

Dans son premier spectacle en solo « Journal de la femme Canon », la circassienne Laura Terrancle place le corps féminin et les stéréotypes de la féminité au cœur de sa réflexion.

« Journal de la femme canon » interroge les normes de beauté de notre société et cette obsession pour la féminité à travers le langage du cirque contemporain. Dans un univers décalé et poétique, mêlant humour et sensibilité, Laura Terrancle nous dévoile un personnage touchant, une femme sous l’emprise des codes de la féminité.

Les lumières de la salle s’éteignent et nous sommes plongés dans l’obscurité, seuls des néons roses, posés au sol, délimitent et éclairent l’espace scénique. Une femme sort des coulisses, vêtue d’une petite robe noire, sac à main à l’épaule, elle porte une table au bout des bras. Nous entendons une bande son en fond qui fait résonner plusieurs affirmations sur le corps féminin : « mets ta silhouette en valeur », « tiens toi droite », « sort tes fesses », etc.

Teaser spectacle Journal de la femme canon (2021), interprété par Laura Terrancle

Au départ, cette femme de cirque modifie son corps avec humour pour ressembler aux « canons » féminin. Elle utilise des ballons gonflables et des paquets de madeleines pour exagérer la taille de sa poitrine et de ses fesses, toujours avec l’intention de remettre en question ces standards de beauté.
Derrière ces rires, au fil de la pièce, on découvre une femme oignon qui, petit à petit, épluche ces codes du « corps parfait » pour nous dévoiler un corps sensible et imparfait. C’est alors une célébration des féminités et non pas de La féminité, qui prend place sur scène. Une célébration des beautés diverses et multiples.

Avec la corde lisse comme principal accessoire de jeu, Laura Terrancle invite le public dans son intimité la plus profonde. Petit à petit, elle fait tomber ses couches jusqu’à nous dévoiler son corps sans filtre. Un corps qui se trouve alors dans une position de vulnérabilité sous les regards des spectateurs mais qui symbolise alors parfaitement l’empowerment féminin.
Ce spectacle tout public, conseillé à partir de l’âge de 12ans, se manifeste comme un spectacle poétique et sensible mais également éducatif. Par la touche humoristique, il peut aider à sensibiliser un public pré-adolescent à l’inexactitude de ces stéréotypes et donc à la diversité des corps et des beautés.