Amer M et Colette B, du portefeuille à la scène

Deux histoires anonymes, intimement entrelacées et liées à l’histoire franco-algérienne, relatent les vies réelles et imaginées de Amer M et Colette B. Ce diptyque théâtral fruit de l’enquête que Joséphine Serre a menée à partir des documents retrouvés dans le portefeuille de Amer M, et que le hasard avait déposé dans sa boite aux lettres, a enthousiasmé le théâtre de la Cité.

Amer M
Le portrait de cet homme ouvrier du BTP, né en Kabylie en 1932 et arrivé en France en 1954 au début de la guerre d’Algérie, s’érige à partir des documents administratifs retrouvés dans son portefeuille. Chacun d’eux raconte une fraction de sa vie et permet de poser les bases de sa biographie. Son histoire s’est édifiée ensuite à travers le récit imaginaire de l’autrice « Ces archives administratives racontaient un parcours de vie emblématique du lien franco-algérien. »
Colette B
Trois lettres et une carte de visite conservées dans le portefeuille d’Amer M sont les seules traces de Colette B. Malgré tout, elles établissent le lien affectif qui unissait le kabyle et la pianiste de radio France. A partir de ce lien, Joséphine Serre va brosser son portrait, et dans le deuxième volet du diptyque, installer son personnage dans la vie d’une « pied-noir » d’Algérie.
Un public tenu en haleine
Cette histoire joue avec la mémoire et la connaissance que le spectateur dispose de l’Histoire. Le jeu des acteurs est fortement soutenu par les approches techniques variées qui sont utilisées tout au long de la pièce.
Des jeux d’ombre et de lumière s’accordent avec le ton des personnages, et soulignent les alternances d’époques, à l’image des relations de la France et de l’Algérie au cours des périodes coloniales et post coloniales. Ils participent aussi à la poésie de la pièce.
Les lieux réels et imaginaires sont illustrés et racontés aux travers des projections vidéos et de la fresque picturale créée en direct par Guillaume Compiano (Amer M).
La musique, création de Frédéric Minière, accompagne les acteurs, leur jeu, leur présence et l’histoire des deux personnages. Elle rythme les gestes du peintre, soutient la tension qui règne dans la salle.
L’histoire se vit et se raconte sur scène, mais les coulisses de l’histoire se déroule aussi dans la salle. Le public est pris à témoin à plusieurs reprises par l’autrice tout au long de la pièce, dans les passages où elle décrit son parcours de recherche de la réalité de la vie de Amer M. Elle veut gagner l’assentiment du public en lui donnant les preuves de cette vie, en distribuant des copies des documents administratifs retrouvés dans le portefeuille. La quête de complicité avec le public participe à le tenir en haleine.
