Toulouse – Démonstration de cirque actuel au Lido : Essais de cirque
Joie, peur, humour… Sincères, les étudiants de l’Ecole supérieure des arts du cirque de Toulouse-Occitanie offrent le fruit de leurs recherches au public, gratuitement. Le corps, la voix, le « je » et le « nous » s’unissent dans un spectacle riche d’imagination, entre performance physique et art total.

Le Lido à Toulouse ? Loin de Paris… à tous points de vue. Car ici, c’est une école de cirque contemporain. Tout au long de l’année avec Essais de cirque, ses élèves nous offrent une série de numéros de leur fabrication le temps d’une soirée. Véritable laboratoire créatif sous chapiteau. Le 26 janvier dernier, ils étaient douze sur la piste, acrobates, acro danseuse, cordiste, jongleurs, équilibristes… et assis sur les gradins, un public de copains conquis d’avance, revenu en nombre pour la première fois depuis de trop longs mois, aux dires d’un représentant des lieux affichant un sourire radieux.
Une école est née
Née en 1983, l’école est devenue Ésacto’Lido en 2008 : l’Ecole supérieure des arts du cirque de Toulouse-Occitanie. Depuis, elle accueille une quarantaine d’élèves pour un cursus de trois ans. A la clé : le diplôme national supérieur professionnel d’artiste de cirque (DNSP). Venus des 4 coins d’Europe et du Monde, les jeunes artistes apprivoisent leur corps, enrichissent leur technique et développent leur propre voix, bousculant les codes du genre.
Sur scène, la performance est bien au rendez-vous. Mais l’énergie déployée aspire à des prouesses bien plus subtiles, celles de la relation, du partage et surtout celle de dire. En français, anglais, espagnol, brésilien ! Qu’importe la langue, pourvu qu’on ait… l’humour et la poésie. Et ils se déploient dans un trésor d’inventions. Des artistes complets aux identités bien trempées se succèdent, virevoltent, s’entremêlent, associant danse, chant, théâtre ou musique – et j’en oublie – à un art circassien fait de ballons, cordes, pirouettes ou encore de cheveux en pétard. Résultat : une généreuse mise à nu de la part de ces comédiens de cirque.
Version adulte et partage
Du cirque, oui, mais pas d’enfant autour de la piste. Et ça se comprend ! Car parfois, la mise à nu n’est pas toujours que symbolique. Voilà par exemple un duo clownesque en lumière stroboscopique flirtant avec un scénario surréalistico-improvisé en anglais non sous-titré : « a dick with a flying dolphin », où il est question de « father », le tout à bord d’un skate-board et sans pantalon. Du comique grinçant.
Même la belle crooneuse aux rimes brésiliennes dans sa robe fourreau noire est assez borderline. Et lorsqu’elle rejoint son compagnon guitariste – elle, petit gabarit tout en muscle, et lui, grand brun moustachu bien bâti – ils se transforment en un redoutable couple acrobate équlibriste et font pâlir le public pendant les jetés de corps. Le final prend la forme d’un décompte lancé par le public, un défi jusqu’au-boutiste à l’intensité orgasmique : « sept, six, cinq…. ». Au rythme de l’excitation générale, elle grimpe ; debout, il réalise le porté ; et voilà qu’elle se laisse tomber dans l’espace de ses bras à lui qui la récupère d’une étreinte à la taille et sa tête à elle s’immobilise à quelques centimètres du parquet : « encore ! », lance-t-elle. Tous deux semblent puiser au plus profond de nos fantasmes l’énergie nécessaire à la figure suivante.
Pour l’étudiant circacien, « il n’y a pas d’échappatoire, ni de solution sinon lui-même et ses expériences », conclut l’école sur son site web quant à sa pédagogie. Certes. Mais l’expérience est partagée, car le public est majoritairement associé aux sketches qui se jouent, interpellé ou sollicité. Aucun doute, la recherche est totale.
