La Revue des Spectateurs Art&Com

Médiations et publics | n°3 – Edition 2021-2022

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Ballet Toiles Etoiles : Quand Picasso se mêle à la danse

Le nouveau ballet « Toiles Étoiles » est le deuxième volet du cycle « Picasso et la Danse » proposé par le théâtre du capitole. Ce ballet divisé en trois actes, reprend trois tableaux de Pablo Picasso. Tableaux qui ont tous été réalisés pour être des rideaux de scènes de différents ballets. Chaque acte est chorégraphié par différents professionnels de la danse contemporaine qui nous livrent leurs interprétations personnelles des différents tableaux.

L’Après-midi d’un faune

Le ballet ouvre sur l’interprétation de L’Après-midi d’un faune (1962) pour le ballet éponyme de Serge Lifar (1965). Chorégraphié par Honji Wang et Sébastien Ramirez. En accord avec le ballet d’origine, quatres nymphes dansent et attirent l’œil du faune (créature mythologique mi-Homme, mi-chèvre). Le faune danse ici sur des échasses rappelant les jambes du faune dans le tableau. Les nymphes dansent avec une toile, sur laquelle est imprimé le tableau, rappelant l’écharpe de la nymphe dans le ballet originel.

Interprétation qui n’a pas du tout été la mienne, ne connaissant pas le ballet de 1965. Mais même sans en connaitre l’histoire, on trouve des rappels du tableau, avec les échasses et des mouvements saccadés qui donnent l’impression que les corps sont désarticulés. Le jeu avec la toile sur drap donne l’impression que les danseurs sortent du tableau, puis ramenés sur la toile par le faune, qui contrôle leur mouvement avec un bâton.

Ces deux interprétations se complètent finalement pour donner une adaptation sur deux niveaux, on adore.

Deux femmes courant sur la plage

Le deuxième acte, offre l’interprétation du tableau Deux femmes courant sur la plage (1922) pour le ballet Le train bleu (1924). Chorégraphiée par Cayetano Soto, cet acte est divisé en deux parties : une première, où les danseurs en grandes jupes noires et sortes de bonnets de bains, dansent sur un entretien de Pablo Picasso. Dans la deuxième partie, quatre danseurs en justaucorps argents nous interprètent une chorégraphie magnifique avec une technique presque parfaite. Mais au-delà de la chorégraphie et de la technique, on ne comprend pas vraiment le rapport avec le tableau qui est juste présenté de bas en haut puis inversement, au début et à la fin de l’acte. Le rapport avec le ballet n’est pas non plus très évident, puisque seul son nom est représenté, par des petits trains bleus tenus deux minutes maximum par les danseurs.   

Le dernier acte est basé sur le projet de décor pour le ballet Cuadro Flamenco (1921). Chorégraphié par Antonio Najarro, il est divisé en cinq parties. Le rideau présenté en fond représente un tablao flamenco, lieu où se donnent les spectacles de flamenco. Tout comme le ballet de base qui est une succession de danses populaires andalouses, les danseurs nous offrent une suite de cinq styles de flamenco sur une musique interprétée en direct par une chanteuse flamenca, un violon, des percussions et une guitare. La technique de la danse classique se mêle à celle de la danse espagnole, nous donnant des chorégraphies et une scénographie merveilleuse, qui restent cependant une adaptation très littérale du ballet originel.


Pour résumer, après avoir entendu des conversations à la sortie, nous sommes tous d’accord pour dire qu’on aurait préféré une autre organisation des actes. Le premier acte aurait dû être le dernier, qui se trouve très au-dessus, de par ses jeux avec le décor et les costumes. Chaque acte, d’une durée d’environ 25 minutes, est séparé du suivant par des entractes de 15 minutes. Entractes certes nécessaires pour les changements de costumes et de décors, mais qui finalement permettent pour des « novices » du ballet, de le rendre plus accessible.

Dans l’ensemble, les danseurs étoiles nous en ont mis plein les yeux, et on a adoré ça, même placés au plus haut de ce magnifique théâtre qu’est celui du Capitole.

Crédits photos, dans l’ordre : © Christophe Carasco, © Succession Picasso 2022, © RMN – Grand Palais – Mathieu Rabeau, ©RMN-Grand Palais Musée national Picasso-Paris