La part des femmes, une traversée chorégraphique
La part des femmes est une lecture dansée de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, duo de chorégraphes français et actuels directeurs du Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort, qui allie la danse, le récit et la vidéo.
Le vendredi 29 Octobre, la Fabrique (Centre d’initiatives artistiques du Mirail) a proposé un spectacle de danse contemporaine qui nous a plongés dans un univers où la femme est au centre de l’œuvre dans le contexte des sociétés occidentales ainsi que dans le monde arabo-musulman.
Origine et contenu du spectacle


Le nom du spectacle vient du titre de l’ouvrage « La part des femmes » écrit par Anne Pellus, maître de conférence à l’Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès, qui s’intéresse depuis 2010 aux chorégraphies de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. Cet intérêt a suscité des réflexions et des échanges avec les artistes, qui ont ensuite abouti à la publication de « La part des femmes », un ouvrage qui, à travers quelques chorégraphies emblématiques de Fattoumi/Lamoureux telles que Manta, Lost in Burqa, Masculines, Bnett Wasla et Wasla-ce qui relie, nous parle du lien entre danse et politique.
Au cours du spectacle, les chorégraphies susmentionnées ont été exécutées par deux danseurs et entrecoupées de moments où Héla Fattoumi a lu des extraits du livre d’Anne Pellus et de moments où un moniteur a été amené sur scène pour montrer au public des extraits de vidéos d’anciennes exécutions des mêmes chorégraphies. Cette diversité de médias au sein d’un même spectacle (performance, lecture et vidéo) a été très utile et positive car elle a permis au public de varier un peu le sujet sur lequel porter son attention. Les chorégraphies exécutées étaient toutes très différentes, mais reliées par un fil rouge d’émotion qui nous fait réfléchir sur les préjugés et les différences entre le monde occidental et le monde arabe.
Chorégraphies
Wasla – ce qui relie est un solo de Héla Fattoumi créé en 1998 pour la Biennale de la danse de Lyon. Pour cette chorégraphie, Héla Fattoumi s’est mise à l’écoute de ses origines tunisiennes. Une fois en Tunisie, elle choisit de reproduire la chorégraphie dans une pièce en bois aux murs bleus et blancs dans laquelle se trouve une alcôve, alcôve qui est également présente sur la scène et qui sert d’écrin.
Bnett Wasla est une chorégraphie initialement interprétée par quatre danseurs créée en 2018 à Tunis au ballet de l’Opéra. Le message véhiculé est fragmenté, d’une part c’est une danse qui semble intime, d’autre part à un moment donné c’est comme si la corporalité des danseurs jouait le rôle émancipateur de la société et des coutumes qu’ils habitent.


Manta est un autre solo conçu à l’origine par Héla Fattoumi et créé en 2009 pour le festival Montpellier Danse. Ici, les deux chorégraphes décident de mettre en scène un sujet très discuté en France, le port du voile, en mettant en mouvement l’expérience du port du niqab, créant une atmosphère tendue et suspendue pour le spectateur.


Lost in Burqa est une performance créée en 2011 et repose sur huit interprètes (dans ce cas, il n’y avait que deux danseuses) qui deviennent des sculptures vivantes recouvertes de tissu, symbolisant le hijab.


La dernière chorégraphie interprétée est Masculines créée à l’Arsenal de Metz en 2013. Les danseuses sont ici habillées de vêtements moulants, couleur chair, contrairement aux autres chorégraphies, libérant la sensualité et le désir. En même temps, cette sensualité, qui frise parfois la vulgarité, cache quelque chose de complexe : elle cache des doutes et des incertitudes.


L’université comme lieu de découverte
Ce spectacle proposé par la Fabrique a été une merveilleuse occasion pour moi de me rapprocher du monde de la danse contemporaine. En effet après avoir assisté à celui-ci, j’ai assisté à deux autres spectacles de danse contemporaine qui m’ont beaucoup plu. J’ai écrit cet article pour essayer d’encourager les étudiants à prendre conscience et à profiter des opportunités qui s’offrent à eux, car la programmation de la Fabrique est toujours très variée et intéressante et peut conduire au développement d’intérêts personnels jamais connus auparavant.
Pour en savoir plus sur le travail du duo Fattoumi/Lamoureux: https://www.viadanse.com/ .