Le festival Fifigrot, portée politique de l’absurde
L'esprit général du festival : "se foutre de tout et de tout le monde". A commencer par une sélection de films délirants comme Fils de Plouc - PRIX MICHAEL(a) KAEL(a) et grinçants tels Oranges Sanguines qui obtient l'ultime AMPHORE D'OR décerné par Sylvie Pialat "La Terrible" ou plus engagés comme Debout les Femmes ! AMPHORE DU PEUPLE réalisé par François Ruffin, habitué du festival.
Le doigt du milieu à l’honneur
Une fois dans l’année, plus rien n’a d’importance, tout est sujet de rigolade et particulièrement la politique. Clairement orienté sur la gauche du spectre politique, les différents personnages rencontrés durant le festival prennent grand plaisir à mettre en scène et ridiculiser des figures politiques et sociales. Monsieur et Madame Micron étaient d’ailleurs présents les premier et dernier jours du festival dans une mise en scène… parlante ! Retenons notamment le moment où Brigitte prend enfin la parole pour reprendre son mari quant à ses commentaires misogynes avant d’appeler Sylvie La Terrible dans la salle de cinéma.
En gros, le principe c’est : à bas le capitalisme ! Il est vrai, productivisme et compétition sont constamment abordés avec second degré. Les Grolympiades en sont le plus bel exemple. Au début du mois de septembre, il était possible de s’inscrire pour former des équipes d’athlètes afin de concourir à une programmation éclectique. Au programme : CUBEACH VOLLEY SUR SON DUO DE SLIP (pratique du volley avec un cubi de rosé tout en étant attaché à son partenaire par un slip géant), 110 M GESTE BARRIERE (course de rapidité handicapée par une barrière de sécurité à porter) ou encore AIR ALTHÉROPHILIE (concours d’haltérophilie sans altères). Que le meilleur clown gagne !
Toutefois, il n’y a pas la politique que les Grolandais emmerdent… Toutes les règles juridiques et de bienséance sont rejetées. Guidés par le son de la musique, on découvre que ce sont les citoyens du pays imaginaire qui pédalent en rythme, ou non, pour notre plus grand plaisir, ou pas – afin de partager toute la musique qu’on aime. Effectivement, « ici, on pédale et on emmerde la SACEM » et quand on vomit, c’est après être descendu du vélo… Faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

Un acteur important du territoire toulousain
Le festival proposait, en partenariat avec le Collectif Culture Bar-bars, des Ciné-Bistrot mettant chaque jour un nouveau bar en avant qui accueille alors la projection d’une sélection de courts-métrages (sans oublier quelques concerts) thématiquement bien nommés WHAT THE FUCK… / OU VA LE MONDE ? / PLAISIRS PARTAGÉS ? / AU BON MOMENT / DUO INFERNAL. Après tout, le pays imaginaire est bien français, une bonne célébration se déroule toujours autour d’un verre. Il s’agit cependant d’un Français bien particulier; on retrouve une sorte de posture de moquerie tendre ou d’admiration du vieux paysan (le vocabulaire du grolandais est codifié, patoi-isé : les jours de la semaines se prononcent « môrdi, credi, joudi, dredi, sadi »). Cela est cohérent avec l’ancrage territorial qui semble au cœur des valeurs du festival.
Sur le Gro’Village vous pouviez aussi trouver deux librairies : Floury Frères proposant une sélection d’ouvrages en lien avec la programmation du festival et BIM autour de thématiques variées et politiques. Je suis personnellement ressortie avec Pour l’abolition de l’enfance de Shulamith Firestone et Pourquoi faudrait-il punir ? : sur l’abolition du système pénal de Caterine Baker, à prix libre… Mais encore rencontres littéraires, expositions, etc. Solidaire des acteurs culturels de la Ville je comprends mieux pourquoi le Fifigrot, bien que politiquement incorrect, bénéficie de l’aval du Département, de la Région et du Maire.
