Montauban. Le nouveau visage du musée Ingres Bourdelle
A moins d’une heure au nord de Toulouse… Il est beau, il est neuf, et mieux encore : il aime les œuvres et les publics. C’est le fraîchement rebaptisé musée Ingres Bourdelle. MIB pour les habitués.

Au sortir de trois ans de relooking, à peine rouvert en décembre 2019, ce bel établissement s’est pris les pieds dans le tapis du Covid19, comme tant d’autres. Aujourd’hui, si ce n’est pas déjà fait, le musée Ingres Bourdelle (MIB) est à découvrir. Car il présente de solides atouts.
Pour commencer, voilà plus de 100 ans que ce musée d’art et d’archéologie est hébergé dans un édifice classé, ancien palais épiscopal du XVIIe siècle bâti sur les fondations du château médiéval du Prince Noir. Ensuite, les œuvres de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) qui font sa réputation comptent 4500 dessins et une trentaine de tableaux que l’artiste a légués à sa ville natale. Pour voir mieux, il faut aller au Louvre à Paris ! Emile-Antoine Bourdelle (1861-1929), l’autre enfant du pays, est moins représenté mais la force de ses 70 sculptures, dont le monumental Héraclès Archer, s’épanouit avantageusement sur un étage entier retraçant tout son parcours artistique.

Une mutation vers la modernité
Grâce à la rénovation, le musée dispose désormais de 700 m² supplémentaires pour un total de 2 700 m² sur 5 niveaux. Le tout relié par deux ascenseurs. Vue la configuration, l’agence parisienne Bach Nguyen Architecture qui signe la rénovation a réalisé un joli tour de force : donner de la cohérence à des espaces qui à l’origine n’ont rien d’un musée. L’architecture reste lisible et parvient à servir la qualité des œuvres. A chaque niveau son ambiance, ce qui casse le risque de lassitude durant la visite. Du coup, on se laisse porter par ce parcours bien articulé, naturel.
Le dessin à l’honneur

Là où se démarque foncièrement le MIB, c’est avec la salle des dessins d’Ingres. De vastes vitrines transparentes et des meubles à tiroirs verticaux proposent d’accéder à une grande quantité de documents et ainsi de percevoir la maîtrise du trait, la technique et le travail méthodique du maître. Lui pour qui le dessin primait sur la couleur. Seulement la lumière est un peu juste pour scruter la finesse des dessins, le prix de leur conservation. Au fond de la salle une ouverture en mezzanine réserve une vue plongeante vers l’étage inférieur sur un imposant tableau de Ingres : Le songe d’Ossian. Insolite.
Numérique et parcours de visite

Dans les salles d’exposition, des tables multimédia donnent accès au fonds et à de courtes vidéos thématiques. A voir si la maintenance suivra. Certains liens numériques sont déjà défectueux. Le musée propose aussi une application téléchargeable ou accessible sur tablette en prêt avec 5 parcours de visite autour de la littérature, de la musique, en audio-description, etc., assez vivants pour ceux que la formule libre effraie ou que celle guidée rebute. Sinon, la visite « sur le pouce » est une bonne alternative. En 30 mn, le guide nous présente quelques œuvres et quasiment l’intégralité des salles. Une bonne entrée en matière pour se sentir à l’aise dans les étages et choisir ce que l’on souhaite approfondir. Le musée offre aussi une belle programmation culturelle qui compte par exemple des visites famille, théâtralisée, nocturne ou jeux d’enquête. Clairement, une variété de publics est espérée.
Enfin, pour ceux qui hésitent encore à franchir la distance, le nouveau site internet donne notamment accès à une visite virtuelle. Par contre, les sculptures numérisées en 3D ne font absolument pas honneur aux originaux. Ne vous y arrêtez pas, préférez les coulisses!