« De l’avant-garde à l’épanouissement, de Bucarest à Paris » : Rétrospective sur le peintre Jules Perahim au Musée Cantini de Marseille
Le musée Cantini situé dans le 6e arrondissement de la ville de Marseille offre à voir du 26 novembre 2021 au 24 avril 2022 une exposition rétrospective consacrée à l’artiste roumain du XXème siècle, Jules Perahim. Constituée de dessins et peintures, l’exposition présente les deux grandes lignes de l’histoire de la création de l’artiste : les années engagées en Roumanie, puis sa vie prospère à Paris.

A la découverte d’une personnalité touchante et d’un univers onirique

©Tess Dagnac
Dans les années 1930, Jules Perahim se fait d’abord connaître à Bucarest grâce à sa collaboration avec les revues non-conformistes d’esprit dada et surréaliste, Unu (dont le principal contributeur est Victor Brauner) et Alge (fondée entre autres avec le poète Gherasim Luca). A cette même période, l’artiste expose ses œuvres personnelles et ses dessins publiés dans les revues de contestation sociale et politique.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, ses convictions politiques et sociales penchant pour un changement nécessaire de la société roumaine se retrouvent bloquées par l’ambiance générale du pays qui s’oppose à la création libre. L’artiste se consacre alors seulement à des commandes telles que l’illustration de livres, la scénographie et les arts décoratifs.
Le National-communisme prenant de l’ampleur, c’est-à-dire à la fin des années 1960, Jules Perahim s’en va désormais vivre à Paris. Le travail créatif de l’artiste prend alors son envol vers ses rêves enfouis, c’est le deuxième moment fort de cette exposition. Laissant derrière lui un travail parfois sombre et violent, Perahim, débordant d’imagination, devient ainsi le peintre épanoui qui donnera naissance à une œuvre à la fois poétique, énigmatique, et humoristique.
Pour prolonger sa visite au musée Cantini
Du côté de son exposition permanente, le Musée Cantini propose une collection de tableaux d’art moderne du XXe siècle. D’une salle à une autre, notre visite parcourt le temps en passant par de belles séquences autour du fauvisme (André Derain, Charles Camoin, Emile Othon Friesz, Alfred Lombard), autour des premières expérimentations cubistes (Raoul Dufy, Albert Gleizes) et des différents courants post-cubistes ou puristes des années 1920-1940 (Amédée Ozenfant, Fernand Léger, Le Corbusier, Laure Garcin, Jacques Villon). Puis vient le surréalisme, qui tient une place particulière au sein du Musée Cantini car entretient des liens historiques étroits avec la cité phocéenne : en effet Marseille accueillit en 1940-1941 des milliers de réfugiés parmi lesquels étaient de nombreux artistes, écrivains et militants antifascistes fuyant le nazisme. On compte parmi eux une grande partie des membres du groupe surréaliste rassemblés alors dans le quartier de La Pomme (zone libre) à la Villa Air-Bel aux côtés d’André Breton. Tous cherchaient à rejoindre les Etats-Unis.
La collection présentée au musée Cantini couvre donc une période allant jusqu’aux années 1970 qui passe par une grande variété de courants esthétiques. Ainsi pouvons-nous y retrouver des artistes tels que Jean Dubuffet, André Masson ou encore Victor Brauner. Le Musée Cantini bénéficie d’un partenariat avec le Centre Georges Pompidou, ce qui a permis, avec l’accueil d’œuvres exceptionnelles, un enrichissement de la collection.
Un musée en toute simplicité
En termes de médiation, les dispositifs mis en place ne s’éloignent guère de la tradition : une salle pour parler d’un thème, et des cartels sous chaque tableau. Toutefois, l’on peut souligner que ces derniers sont très bien écrits, dans le sens où ils sont compréhensibles, concis et efficaces. Ils sont, en outre, composés d’un bref mot sur le peintre en question, du contexte d’apparition de l’œuvre, ainsi que d’une légère interprétation de cette dernière. Cette composante peut sembler anodine mais elle se démarque des cartels indiquant « titre, année, dimensions et matériau ». Des informations peu pertinentes pour s’approprier une œuvre d’art… Ce choix s’inscrit probablement dans une intention de confrontation à l’œuvre par « choc esthétique ». Dans cette optique, ces cartels, que l’on pourrait qualifier de pédagogiques, s’adaptent aussi bien à un public avisé qu’à un public amateur. Pour aller plus loin, sept chefs-d’œuvre du musée sont à retrouver sur leur site internet avec un commentaire un peu plus complet.
Le Musée Cantini faisant partie des Musées de Marseille, des programmes culturels avec parcours de visite et activités diverses sont proposés pour les groupes scolaires, les publics du champ social, les personnes en situation d’handicap ainsi que pour les familles. L’expérience en tant que visiteur libre ne se livre qu’à un seul type de médiation, mais les actions culturelles menées par le Musée Cantini semblent alors s’étendre au-delà des murs.
Lien vers le Musée Cantini : https://musees.marseille.fr/musee-cantini-0