« La Leçon de soul » : l’histoire de la musique de l’âme

Dans le cadre du festival Jazz sur son 31, le quartet Human Songs accompagné de choristes et de cuivres proposait un concert qui a su ravir puristes et néophytes du jazz avec une performance intime et instructive.

Une conférence musicale

A la fois conférence et spectacle musical, cette forme atypique de concert répond à la soif de découverte des néophytes et satisfait les puristes grâce à une prestation vivante et inspirée.

A l’entrée de la salle de spectacle de la Fabrique sont distribués aux auditeurs une sorte de feuille de route qui trace l’évolution chronologique du genre musical, d’Aretha Franklin, à Bruno Mars en passant par Marvin Gaye… Chaque nouvelle étape qui mène au genre musical tel qu’on le connait aujourd’hui est marquée par une pause durant laquelle le chanteur charismatique, Cyprien, nous explique les origines de cette musique chargée en histoire et en émotions.

La rivalité des maisons de disque soul

Dans les années 60, deux labels de musique noire américaine voient le jour. La STAX (Eddie Floyd, Sam & Dave, Otis Redding) et la MOTOWN (Stevie Wonder, Marvin Gaye, les Supremes) ont été d’une importance sans égale dans le développement de la musique soul. Tandis que la MOTOWN s’approprie un style soul beaucoup plus rythmé et dansant aux touches R&B très populaire, la STAX privilégie un style plus lent et ancré dans le sol, avec des instrumentales très travaillées.

Pour s’assurer que nous comprenons bien, Cyprien nous a concocté un petit quizz aux allures de blind test. Il nous présente deux artistes d’une même époque, puis sans nous dire de qui il s’agit, les musiciens se mettent à interpréter un extrait de morceau. Dès lors, à nous de découvrir qui est l’interprète original et surtout dans quel label iel a été enregistré.

Evolution du genre musical

Blues, gospel, jazz, soul, funk… Il y a de quoi perdre la tête ! De nombreux styles similaires se rencontrent, s’entrecoupent, s’inspirent les uns des autres pour créer un ensemble complexe et diversifié. Une chose est certaine, tous ces styles sont issus des esclaves afro-américains qui chantaient en rythme pour se donner le courage de travailler dans les champs de coton, qui chantaient la miséricorde et pour se redonner espoir. On parle de working songs et de Negro Spirituals.

Le Gospel demeure joyeux, chantant les louanges du Seigneur tandis que le Blues est plus brut, il évoque la condition humaine; la solitude, la pauvreté, la ségrégation… A partir des années 50 émerge le Rythm & Blues et apporte au Blues une dynamique plus dansante tout en restant un signe de rébellion sociale.

Le Jazz émerge notamment à partir du Blues mais la différence principale est sa composition plus complexe et élaborée mais aussi plus lisse et sensuelle. Il donne lieu à d’innombrables sous-catégories. La funk et la soul elles apportent quelque chose de plus chaloupé et langoureux. Tous ces styles sont finalement des ramifications d’un même tronc, d’une musique qui sait tant célébrer que pleurer et dont l’objectif demeure d’affronter les injustices ainsi que d’aller de l’avant, en libérant l’âme de ses émois.

Si cette façon d’envisager un concert provient d’une perspective originale, ce n’est pas tant dans la forme – chercher une réponse du public -, que dans le fond – le réponse est moins émotive qu’intellectuelle grâce à la pédagogie amenée dans les discours. Cela m’a amenée à la réflexion suivante : quels outils pourrions-nous imaginer afin de non seulement proposer un support qui suggère à la fois de la compréhension intellectuelle et de l’expression émotionnelle ? En poussant le trait de cette proposition musicale faite par Human Songs, nous pouvons par exemple envisager des formes de concerts collaboratifs amenant les spectateur•ices à créer des mélodies qui, par un jeu d’improvisation des musiciens, seraient intégrées à leur composition…