« La Mouette » de Tchekov, revisitée par Cyril Teste au Théâtre de La Coursive
Après Festen en 2017, le théâtre de la Coursive, scène nationale de La Rochelle, nous a offert dans sa programmation une nouvelle pièce performance filmique du collectif MxM.
L’identité théâtrale du collectif Mxm se traduit autour de la performance filmique. Sur la scène, un dispositif scénographique collabore entre décors et cyclorama. Les comédiens sont filmés, en direct, par des cameramans qui les suivent lors de leurs déplacement, le son et les images sont tournés et mixés en live, sous les yeux du public. Nous avons donc le choix, en tant que spectateurs : voir les comédiens sur le plateau, comme n’importe qu’elle pièce de théâtre, ou entrer dans leurs émotions avec des plans serrés et des gros plans, que l’on retrouve dans les codes d’un montage cinématographique.
La Mouette, d’Anton Tchekov, est un classique de la littérature Théâtrale, qui traite de questions humaines autour de la famille, de l’art ou encore de l’amour. Il s’agit de Konstantin, un jeune metteur en scène, fils d’une grande actrice, qui ne cesse de vouloir être à la hauteur de la réussite de sa mère. Il est en parallèle amoureux d’une jeune comédienne, Nina, a qui il confit le rôle principal de sa pièce. Dans sa mise en scène, Cyril Teste met en avant un sujet trop peu évoqué de la pièce, l’amour fou d’un fils pour sa mère, la question du complexe oedipien. Grâce aux procédés de performance filmique, le spectateur jongle entre les différents points de vue proposés par la mise en scène. Nous entrons dans l’intime, dans les visages et les corps, au plus proche des comédiens. Nous sommes les observateurs de ces conflits familiaux, nous nous introduisons chez eux grâce à la caméra. Un paris réussi.
Pourtant, ce dispositif peut poser problème. Le texte a une très grande importance dans cette pièce, parfois nous pouvons vite nous noyer dans un flot d’images et de mots, au point de perdre le fil. Pour une première expérience théâtrale, ceci peut être très long et mal vécu.
Enfin, le théâtre de la Coursive de la Rochelle fut une première expérience pour ma part… et peut être la dernière. Du peut observer, les questions de l’élargissement des publics et de leur fidélisation ne semble pas être une priorité. Il est dommage de ne proposer des tarifs réduits aux seuls habitants de la ville, par exemple.
Malgré tout, cette expérience filmique est à vivre au moins une fois, nous n’en sortons pas indemne.
Chloe Dauzats