Le décryptage de la haute culture en ligne
Loïc Prigent est un documentariste qui, dans sa chaîne Youtube du même nom présente de manière simplifiée les maisons de couture et leur univers singulier.
La mode et plus particulièrement la haute couture constituent des univers très sélectifs et exclusifs. Une industrie qui répond à des codes particuliers, que Loïc Prigent, ce journaliste de formation, nous explique dans des vidéos d’une trentaine de minutes. Un contenu à la précision et à l’humour décalé. C’est sa voix caractéristique qui commente les images.
Dans ses vidéos, il décrypte les différentes étapes de la création. Une vidéo nous montre ainsi de manière décontractée la réflexion du directeur artistique, depuis les ateliers, jusqu’à l’esthétique du défilé. Un accès “privé” aux coulisses des défilés, en somme, tout en s’imaginant être un spectateur du premier rang, assis à côté de personnalités reconnues .
La mode regorge de différents métiers. Bien que ce soit le directeur artistique qui est régulièrement mis en avant, de nombreux métiers moins visibles sont indispensables. Des petites mains métiers comme la première d’atelier tailleur, à l’atelier passementerie, les premières mains , les secondes d’atelier, les fashion workshop manager.
Des ateliers au nom intriguant. L’atelier flou consiste à créer des courbes légères et souples des robes fluides et des jupons évanescents. Quant à l’atelier tailleur, il travaille les lignes et la structure des vestes, pantalons et manteaux.
Il y aussi d’autres métiers qui ne sont pas dans l’ordre de l’ateliers comme l’attaché de presse ou le chef de produit. Ils effectuent une mise en lumière des différents corps de métiers.
Ce vidéaste de la mode, qui est incollable sur toutes les collections des différentes maisons de couture . Il a réussi à montrer les dessous des maisons, de renommé international comme Balmain , Jacquemus , Chanel, Dior, Balenciaga, Saint-Laurent… Un univers réservé à un public élitiste et influent, que Loïc Prigent ouvre à tous grâce à sa chaîne Youtube.
Il ne met pas en avant uniquement les monstres de la haute couture mais également des marques plus récentes comme Casablanca , Phipps ou Victor Weinsanto, au succès fleurissant.
Un des derniers grands événements qu’il a couvert a été la fashion week Parisienne de septembre 2020 dans un documentaire “52 minutes de mode” pour la chaîne TMC. Une fashion week particulière, au vu de la situation sanitaire.
Cette année-là, le public et le nombre de défilés a été considérablement réduit. Cependant “ la machine à rêves doit continuer de tourner” comme le précise Loïc Prigent.
Les collections de cette année ont été plus compliquées à concevoir à cause du confinement. Des créations qui ont dû être réalisées à travers les outils numériques, quelque chose de compliqué pour des artisans du textile.
L’atmosphère du confinement et le fait de rester chez soi se ressent dans les diverses inspirations des collections. Comme chez Fendi qui ont réalisé des fenêtres sur des robes, en signe d’horizons. Mais aussi des assiettes en guise de sac à main pour Jacquemus ou le coussin retravaillé. La taie est devenu un manteau et ses plumes sont devenues un sac chez Fendi. Sans oublier les charentaises chic de chez Louis Vuitton pour rester confortablement chez soi.
Pour les différentes maisons de haute couture , le défilé est le moment de consécration. Il permet de faire découvrir les collections, et ses silhouettes qui permettent de mettre en valeur les collections pour mieux les vendre et continuer de faire tourner la maison de couture. Notamment en assurant l’emploi des salariés.
Le moment du défile se déroule dans des lieux caractéristiques sublimés par une scénographie en adéquation avec le thème de la collection. Les scénographies sont variées et sans limite. Cela peut aller du champs de lavande provençal pour Jacquemus, à la reconstitution d’une plage et de la mer pour Chanel ou à la reproduction des vitraux d’une église chez Dior. Une mise en scène visuelle qui est soulignée par des musiques en accord avec l’univers choisi lors du défile.
En ce qui concerne la fashion week de Paris , les lieux exploités sont régulièrement des espaces culturel d’art , comme le Grand Palais , le musée Rodin ou encore le centre Georges Pompidou.
Cependant, avec les nouvelles restrictions sanitaires la mythique semaine de la mode Parisienne a du être repensé. Les défiles ont du se réinventer. Le numérique a été fortement mobilisés pour permettre aux mannequins, rédacteurs en chef, acteurs, influenceurs…des quatre coins du monde de pouvoir figurés lors du défilé. C’est à partir de cela que de nombreux défiles des plus créatifs ont vu le jour. Comme celui de Mugler qui a proposé un défilé avec pour vedette, la célèbre mannequin Bella Hadid. Ce défilé a été numérisé afin de permettre à cette mannequin d’être virtuellement présente (elle était bloqué aux États-Unis).
Moschino, ont présenté un réel spectacle de marionnette. En présentant leur collection miniaturisée sur des marionnettes de 75 centimètres. Ils ont mêmes réalisés quatorze invités prestigieux, assis à côté du catwalk. Dans le même thème , Kidsuper lui animé des poupées en faisant défiler les personnalités qu’ils souhaitaient. On retrouve sur le podium Meryl Streep, Michael Jordan, Mohamed Ali…
Grâce aux numériques de nombreux défiles ont pu être maintenu et ont su casser cet aspect linéaire d’un défilé. Le numérique et les jeux de caméra ont permis de mettre en avant certains aspects de la tenue, en jouant avec les différents plans.
La période incite à du renouveau. Dans l’univers de la mode, au règles strict, codifié et élitiste. Les moments de folie et extravagance y sont rare. Et l’accessibilité d’autant plus.
Une accessibilité rendue grâce à Loïc Prigent qui a su ouvrir ce monde fermé et prisé de la Haute couture. En montrant un visage ouvert et joyeux de tous les individus faisant part du processus de mode, que ce soit par sa création ou sa diffusion.
Antonia Velay