Inauguration du « Jean » à la Cité des sciences et de l’industrie
La Cité des sciences et de l’industrie à Paris, lance à partir du 8 décembre 2020 et jusqu’au 22 janvier 2022, une exposition itinérante consacrée au jean. Confinement oblige: l’inauguration prévue le mardi 8 décembre, aurait du être annulée, ou du moins, décalée. Inconcevable pour l’équipe de la Cité ! En direct et bien installée dans mon fauteuil, j’ai donc pu assister à une avant-première, à quelques 685 kilomètres de chez moi.
Confinement + fermeture des établissements culturels = création de « jumeaux numériques »
Le mardi 8 décembre à 18h, l’exposition virtuelle de la Cité des sciences et de l’industrie est inaugurée en direct, en accès libre pour toute personne ayant une connexion internet. A noter également que depuis le 18 décembre, il est possible de réserver sa place afin de participer à une visite guidée virtuelle, « en compagnie » de commissaires d’exposition et d’invités. Selon les propres mots de Michèle Antoine, directrice de l’exposition, le contexte sanitaire a fait naître la volonté de créer un double processus de médiation. L’idée est que l’exposition physique doit posséder son « jumeau numérique », afin de pouvoir s’adapter à la conjoncture incertaine du milieu culturel.
Des dispositifs classiques aux nouveautés technologiques
En une trentaine de minutes, à base d’images filmées, d’interviews et de mini-reportages, il s’agit de découvrir la scénographie et le propos de l’exposition. Le décor et les installations sont dominés par une alliance entre le caractère industriel du jean grâce par exemple, à des zones grillagées, des vêtements entassés, et l’objet de mode avec des luminaires qui peuvent rappeler des studios de photographie par exemple, ou des fonds verts qui reflètent le visiteur en train de défiler sur un podium. Tout n’est pas visible, mais il y en a assez pour attiser la curiosité !
Tout autour des divers intervenants de l’événement, il est possible d’apercevoir divers dispositifs mis en place afin de faire lien entre le jean et le visiteur : des panneaux explicatifs, composés de données textuelles et iconographiques, des objets, des vidéos projetées sur grand écran et également des dispositifs multimédias assez innovants techniquement, et plutôt adéquats dans le contexte actuel. En effet, dans une activité proposée, le visiteur utilise un matériel non tactile qui connaît les choix de l’utilisateur grâce à la détection de ses mouvements de main.
Place au direct: mise en scène de l’inauguration
A l’écran, il y a deux sortes d’intervenants. D’une part il y a des professionnels : Michèle Antoine, directrice de l’exposition et deux commissaires d’exposition, Sophie Lécuyer et Marie Pichart. Interrogées sur l’exposition par l’animateur Eloi Choplin, elles mettent en lumière ce que le visiteur peut trouver in situ, dès l’ouverture des établissements culturels, mais également dans une visite commentée virtuelle. A travers la multitude de dispositifs évoqués ci-dessus, il est question de découvrir l’histoire, le parcours du jean, ainsi que ses différents rapports de production, de consommation et de représentation dans le temps et l’espace. In fine, il s’agit également d’un dialogue avec les visiteurs afin de faire prendre conscience à chacun, des impacts humains et environnementaux, causés par les techniques de confections et les usages du jean.
A côté des intervenants qui discutent en direct, dans la salle d’entrée de l’exposition, des reportages sont intégrés à la diffusion. A l’écran, nous voyons successivement trois invités : Caroline de Maigret, mannequin, Yarol Poupaud, musicien et Elodie Frégé, chanteuse. Nous pouvons les observer tandis qu’ils viennent tester l’exposition et présentent chacun le rapport qu’ils ont avec le jean, leurs impressions sur les dispositifs et ce qu’ils retiennent du propos tenu. Ils sont dans une posture de visiteurs, avec un côté plus informel et plus personnel, finalement comme n’importe quel visiteur qui pourrait passer dans le lieu.
Une inauguration à distance
Globalement, j’ai beaucoup apprécié cette inauguration. De manière générale, il y a déjà le fait de pouvoir y assister. Très personnellement, je ne suis allée à Paris qu’une fois, et n’ai jamais pu bénéficier de l’offre culturelle de la ville. Ce type d’initiatives permet au-delà du confinement, de rendre accessible, des lieux, des documents, des informations et des contenus à des personnes qui même si elles sont intéressées, n’habitent pas à proximité de Paris, et ne pourraient, de toute manière, pas visiter l’exposition.
Le double processus entre exposition physique et « jumeau numérique » était aussi intéressant car il y avait une sorte de mise en abîme de la médiation. L’inauguration virtuelle et les moyens techniques mis en œuvre étaient déjà un dispositif pour permettre de découvrir les contenus d’une exposition bien réelle qui contenait ses propres dispositifs. En tant que spectateurs, nous ne pouvions pas être présents mais l’idée de présenter des visiteurs permettait de se représenter les lieux, de ce qu’il était possible de faire, de ce que nous aurions aimé toucher, expérimenter et voir.