Plongez dans l’espace virtuel du Jeu de Paume

Le Jeu de Paume confronte différents récits, historiques ou contemporains, oscillant entre résonance et dissonance.

Institution culturelle emblématique du jardin des Tuileries, centre d’art et lieu de référence pour la diffusion de l’image des XXe et XXIe siècles (photographie, cinéma, vidéo, installation, net art…), le Jeu de Paume a vocation à produire ou coproduire des expositions, mais aussi des cycles de cinéma, colloques, séminaires, activités éducatives ou encore des publications, attirant ainsi un public large et diversifié.

Il propose des expositions qui donnent une visibilité aux artistes présentés, qu’ils soient reconnus, méconnus ou émergents, en particulier dans la programmation Satellite. Cette dernière soutient de jeunes commissaires indépendants ayant déjà une expérience spécifique en matière d’organisation d’expositions d’artistes de portée internationale. Elle développe année après année une approche généraliste d’expositions d’œuvres recourant à l’image en mouvement (vidéo, film).

Depuis 2007, sur internet, le Jeu de Paume a souhaité élargir son champ d’expérimentation et de recherche en développant un site dédié, « l’espace virtuel », dont la programmation regroupe des projets d’artistes créés spécialement pour le web ou des expositions thématiques confiées à des commissaires spécialisés en arts numériques.

Ce projet permet donc de rendre accessibles les œuvres avant et après une visite, mais propose également une approche virtuelle en restant chez soi, dans le contexte sanitaire actuel.

L’exposition « Futur non-conformes » de Nicolas Maigret par exemple, est conçue comme un programme de recherche portant sur : la critique d’une « propagande de l’innovation », les dysfonctionnements des progrès techniques et leurs détournements artistiques. Elle se divise en trois cycles nommés chacun : Mythologies, Passage à l’acte et Futurs déviants, regroupant plusieurs artistes et projets.

Magnetoceptia est une série de performances et d’installations dans lesquelles des costumes composés d’antennes faits maison captent les champs électromagnétiques et d’autres phénomènes invisibles essentiellement produits par l’homme afin de les rendre audibles par le biais d’une amplification électronique. 

Mythologie se penche sur une lecture rétrospective de la machine « progrès / innovation ». Les artistes mettent en avant une critique des mythes et des contradictions de l’utopie technologique qui se développe depuis la révolution industrielle jusqu’à notre ère post-informatique.

Le deuxième cycle réunit des tentatives de passage à l’acte face à la “propagande de l’innovation”. Ici, les artistes cherchent à pousser le système à l’absurde mais aussi à mettre le doigt sur les différents mécanismes et contradictions de ce dernier.

Le dernier cycle quant à lui propose des visions non-usuelles du futur. On y retrouve un ensemble de projets alternatifs, d’utopies ou bien de fictions dans lesquels les imaginaires du futur s’hybrident et se pervertissent.

Ces trois expositions sont intéressantes puisqu’elles permettent le débat. Il ne s’agit pas ici d’être un public averti puisque les œuvres s’appuient sur des points de vue que nous connaissons. Pour Nicolas Maigret, l’impact sur le spectateur doit être une remise en question sur l’innovation et cela fonctionne très bien.

Glowing Sushi transforme la consommation d’OGM en un acte hyper visible, invitant l’observateur à examiner et débattre de ce qui est novateur et acceptable dans les sciences biologiques.

Le petit soucis du site c’est qu’il n’est pas de suite instinctif pour l’utilisateur. Une fois l’exposition choisie, les œuvres apparaissent à la suite avec leur description, ce qui donne beaucoup d’informations d’un coup. L’interface est donc assez confuse et il faut quelques clics pour en comprendre son utilisation.

Mais l’intérêt de cette plateforme est la diversité du contenu, que cela soit par les expositions présentées ou les artistes et œuvres qui y participent. On y retrouve une certaine originalité, puisque les œuvres présentées diffèrent de celles, dites traditionnelles, proposées habituellement sur la toile.