EX-AFRICA Vernissage 2.0
Il y a quelques mois, nous avons dit au revoir pour un temps encore indéterminé aux sorties culturelles, aux sorties gastronomiques, aux sorties qui ravissent l’âme. Aujourd’hui c’est avec des alternatives comme celle du Musée Quai Branly-Jacques Chirac que nous avons pu retrouver un semblant de voyage.
Entre permanent et récent
Suite à la situation sanitaire et aux restrictions gouvernementales appelant les institutions culturelles à fermer leur porte, France Télévision a lancé au mois de Février 2021, une chaîne éphémère, Culturebox. Dédiée à tous les arts, cette chaîne sur le canal 19 de la TNT offre un contenu culturel varié. Allant de la pièce de théâtre, au concert en passant par des documentaires et des ballets, cette plateforme donne accès à la magie de ce qui est essentiel pour la culture.
Le 21 Février 2021 s’est déroulé à 21h sur Culturebox et France Tv, un vernissage loin d’une “vie d’avant”. En direct du Musée Quai Branly-Jacques Chirac, Noémie Roussel nous invite au cœur d’une visite privée dans la nouvelle exposition en place, Ex-Africa. Sur une idée du commissaire de l’exposition, historien et critique d’art Philippe Dagen, l’exposition lie la scène contemporaine et les arts africains. Avec prêt de 150 œuvres, Ex-Africa fait dialoguer les artistes de différentes époques et de différentes origines et rassemble autour de la question de l’unicité des arts africains anciens et des arts contemporains. Au fil de ce vernissage nous rencontrons les artistes présents sur place tels que Orlan, Curtis Franck, Annette Messager, Emo de Medeiros ou encore Myriam Mihindou et pouvons voir des œuvres de Jean-Michel Basquiat ou Chéri Samba. Ici, les artistes contemporains se réapproprient les arts africains et leur redonne un sens nouveau. L’Exposition Ex-Africa, au sens de ce qui vient d’Afrique, est une manière de célébrer ce que nous devons à l’Afrique, son art, ses références, ce qui fait partie aujourd’hui d’une consommation visuelle mondialisée. Le Musée Quai Branly-Jacques Chirac nous invite à un voyage où toutes les formes de médium communiquent, en passant par les sculptures de Frank Curtis, aux photographies d’Orlan, aux peintures de Jean-Michel Basquiat, des vidéos, des installations in situ, des dessins, ils sont entourés de l’exposition permanente. Ce détail voulu par le musée montre la relation dynamique et riche du dialogue fécond entre patrimoine et créations contemporaines.
Entre physique et numérique
Les conditions sanitaires n’étant pas très coopératives, d’une exposition qui devait ouvrir ses portes le 9 Février, le Musée Quai Branly-Jacques Chirac a décidé d’en faire une émission vernissage/ visite privée de 30 minutes. Cette action est la bienvenue pour les amoureux de l’art contemporain et les férus de culture. En effet, en attendant la fin des restrictions sanitaires, du couvre feu, l’interdiction des rassemblements, cette reconnexion avec le monde de l’art et ses artistes est une bonne façon de garder un lien entre la culture et ses spectateurs. L’Exposition Ex-Africa en plus de permettre un dialogue entre les cultures, les continents et les générations permet aussi par un vernissage en numérique, un échange ouvert sur le monde que vous vous trouviez à Paris où ailleurs.
Cependant et même si cette initiative reste bénéfique pour un grand nombre de choses, il nous manque ce qu’il se passe lors de vernissage ou de visite d’expositions. Le contact humain, l’atmosphère du lieu que l’on ressent sur place, la découverte des œuvres, la déambulation contemplative, tous ces éléments absents lors de notre visionnage accentuent une sorte de frustration. De plus, les mouvements de caméra semblables à ceux que l’on voit sur Google Map paraissent mécaniques, les cadrages sont fait à la va vite et sont parfois incompréhensibles (par exemple lorsque Monsieur Dagen parle, le cadrage est fait sur la présentatrice, laissant Philippe Dagen coupé sur la gauche de l’image). Les plans trop rapprochés des personnes lorsqu’elles parlent ainsi que ces petits détails que l’on distingue nous détournent du sujet principal qu’est l’exposition et la présentation qu’en fait le commissaire.
L’avantage que nous pouvons trouver dans cette version numérique du vernissage sont les passages qui balayent l’œuvre en plans rapprochés et très lents durant lesquels, le commissaire d’exposition Philippe Dagen nous raconte et nous parle de chacune d’entre elles. A la fin de ces trente minutes (très rapides) de présentation de l’exposition, notre seule envie reste néanmoins de retrouver le silence des musées, la cacophonie des salles de spectacles et la découverte de nouvelles créations afin de vivre l’émerveillement des yeux, des oreilles et du cœur.