Le mooc « REIMAGINING BLACKNESS AND ARCHITECTURE » pose la question du racisme dans l’architecture
Pour maintenir la culture à flot, le MoMA ( Museum of Modern Art ) a mis en ligne des cours gratuits pour initier à l’art moderne et contemporain. Certains des cours proposés donnent un avant-goût des expositions à venir. Parmi ceux-là « Remaining Blackness and Architecture » fait écho à l’exposition du même nom et vient interroger le rapport entre le racisme et l’architecture. Il pointe du doigt la réappropriation de l’architecture par la communauté noire américaine.
Je ne suis jamais allée à New-York et je n’irai certainement pas tout de suite. J’ai une peur bleue des buildings. Une histoire drôle à raconter mais moins à éprouver. Imaginez la première fois que j’ai découvert la tour Montparnasse. Enfin. Tout cela pour signaler que visiter le MoMa, ce muséum qui sonne comme une onomatopée, n’est pas dans mes projets.
Pourtant, j’ai pu avoir un petit aperçu de ce que propose ce vaste espace installé sur la 53e avenue. A partir du 31 mai, une exposition intitulée « Remaining Blackness and Architecture » devrait ouvrir. Pour faire patienter les visiteur.se.s, le MoMA a financé un mooc gratuit en libre accès pour montrer les liens entre architecture et racisme mais aussi entre architecture et émancipation.
Le mooc ( massive open online course ) dure 6 semaines et comporte des contenus variés et denses : des textes, des interviews, des ressources, des archives et des vidéos s’entremêlent autour de cinq thématiques développées par Paul Revere Williams dans I Am a Negro. Ainsi l’imagination, le soin, la connaissance, le refus et la libération constituent le fil directeur du cours.
Au fil du mooc, on découvre combien l’architecture peut marquer des séparations entre les communautés et comment des artistes noirs américain.e.s cherchent à se réapproprier l’architecture pour réinventer un espace urbain plus équitable.
Le cours cherche à célébrer “the legacy of black creatives both past, present and future” et suit le travail de Black Reconstruction collective. Ce dernier correspond à un collectif d’artistes, d’architectes et de designers noirs américains. Chacun de leur travaux cherche à dénoncer la suprématie blanche et montre comment leur architecture peut permettre de réaffirmer leur identité et créer de nouveaux rapports sociaux dans des espaces nouveaux.
Dans le cadre de son projet « Black Towers / Black Power », Walter Hood a proposé de construire 10 tours sur San Pablo Avenue reprenant le programme en dix points du Black Panther Party. Ces tours seraient des espaces communautaires et sociaux et permettraient aux individus de s’émanciper.
Les photographes Germane Barnes et Dawoud Bey ont pour leur part utilisé la photo pour montrer comment les êtres humains interagissent avec l’espace urbain et comment les espaces ordinaires peuvent témoigner de l’appartenance à une communauté.
Dans « We’re not down there, we’re over here”, Amanda Williams a imaginé un vaisseau spatial, le SpaceBoatShip Vessel Capsule qui est constitué d’objets du quotidiens brevetés par des afro-américains du 19 et 20 e siècle. Ce vaisseau serait un moyen pour les populations noires de trouver des outils et les solutions pour acquérir une plus grande liberté.
Pour sa part, Olalekan Jeyifous a montré combien les communautés noires étaient plus exposées aux risques environnementaux et sanitaires (air pollution, déchets industrielsetc. ). Il a recréé le quartier gentrifié de Crown Heigts en proposant un espace alternatif où les gens vivraient beaucoup mieux.
Ces artistes ne constituent qu’une part minime des artistes cités dans le mooc et une infime partie des artistes qui se battent pour un renouveau dans l’architecture. Sans cette leçon, je n’aurais certainement jamais eu l’occasion d’appréhender cette exposition et me serais plutôt perdue dans les immenses galeries du MoMA.
Je n’ai pas encore terminé toutes les leçons et passent un certain temps le nez dans mon dictionnaire pour comprendre quelques mots techniques. Le cours est intégralement en anglais mais les contenus sont suffisamment divers pour que tout un chacun puisse comprendre que l’architecture n’est pas neutre et qu’elle peut jouer au jeu des dominants comme être très subversive.