Cinémutins, du cinéma qui fait du bien
Depuis quelques mois maintenant, les devantures colorées des cinémas n’égaillent plus les rues. Les affiches criardes des nouveaux films sont restées au placard et attendent patiemment que la culture redevienne essentielle.
Normalement à cette époque de l’année, le festival cinéma et droits de l’homme investit les salles pour projeter des documentaires, des films et échanger avec le public sur des questions aussi diverses ( et importantes ) que les inégalités, les discriminations ou les libertés.
Cette année, qui a des airs de 2020, n’a pas fait taire les revendications du festival qui a fait le choix de partager ses films sur cinémutins : une plateforme de vidéo à la demande à la marge des mastodontes de la VOD (vidéo à la demande). Je m’y rendais dans le cadre de cet évènement et ai découvert une profusion de trésors du cinéma.
Cette création numérique est l’œuvre des Mutins de Pangée, une coopérative cinématographique et audiovisuelle créée il y a quinze ans. Après avoir édité des DVDs pendant des années, elle s’est tournée vers la VOD pour faire découvrir un cinéma alternatif qui met en lumière les maux et luttes de notre société.
Pour accéder aux curiosités de ce site, il est nécessaire de se créer un compte et d’acheter des crédits permettant de télécharger ou de louer le film. Les abonnements « illimités » n’existent pas. J’ai commencé mon expérience par le visionnage du film le Char et l’Olivier, une autre histoire de la Palestine : un documentaire qui revient sur les origines du conflit israélo-palestinien et donne à voir des Palestiniens, oubliés de la communauté internationale.
J’ai cherché du regard les spectateur.rice.s autour de moi pour voir leurs réactions et échanger sur le plein d’informations et d’émotions émanant du documentaire. J’avais oublié « la situation actuelle ». Quelques jours plus tard, je suis retournée dans ce cinéma virtuel et ai déboursé quelques euros pour Adolescentes, un documentaire qui suit le parcours de deux jeunes femmes de leurs 13 à leurs 18 ans.
Là encore, j’aurais aimé apercevoir des sourires ou des yeux humides. Je ne suis pas une parfaite cinéphile, je ne connais pas la filmographie de Godard sur le bout des doigts et adore les blockbusters à la mode. Pourtant j’aime aller au cinéma. Comme beaucoup, je suis en manque.
Cinémutins ne m’a pas permis de toucher du doigt l’expérience collective qui me tient à cœur. De plus, la politique tarifaire rend la programmation accessible à un public plus restreint. Des tarifs réduits pourraient être mis en place pour certaines catégories de la population. Malgré cela, cette plateforme permet à la culture cinématographique de continuer à vivre. Un peu.
Le site met à l’honneur des films culte oubliés, des histoires sur la lutte ouvrière, des documentaires peu connus et des trésors (très) farfelus. Les films mis en avant sur le site reflètent les choix et les coups de cœurs de la coopérative qui sont présentés dans « la ciné-revue des mutins ». Ce mois-ci le Printemps arabe, les paysans vus par Raymond Depardon ou la cinéaste Kaouther Ben Hania sont à l’affiche. De quoi passer de belles soirées en attendant des lendemains qui chantent.