Un film détruit par la censure soviétique dans les années 1940 obtient son exposition virtuelle
Fermée en raison de la pandémie de Covid-19, La Cinémathèque de Toulouse sauve de précieuses productions cinématographiques, même celles considérées comme perdues à travers l’histoire
En marchant le long de la rue du Taur, l’homogénéité des bâtiments en brique de La Ville Rose est surmontée par un imposant arc en ciment, qui encadre une grande porte rouge. C’est l’entrée de la Cinémathèque de Toulouse, fondée en 1964 et qui abrite aujourd’hui l’une des trois principales archives cinématographiques de France. La porte d’accès est très accueillante; que ce soit en raison de sa taille, de sa couleur ou de l’affiche d’un film à son côté. Mais elle reste fermée au public pour contenir la pandémie de Covid-19.
En tant que nouvelle arrivante à Toulouse, la curiosité de voir ce qui se passe derrière ces murs du 16ème siècle m’a incitée aussitôt à chercher le site web de cette institution. J’ai quitté le 69 rue du Taur après avoir confirmé la possibilité d’accéder à la culture depuis mon téléphone portable. Et c’était ainsi que je suis arrivée à l’exposition du film « Le Pré de Béjine », disponible sur le site de La Cinémathèque en quelques clics.
L’exposition sauve un court métrage soviétique de 1937, réalisé par Serguei M. Eisenstein, et connu pour avoir été censuré et détruit avant même son achèvement. Basé sur l’histoire vraie de Pavlik Morozov, le film raconte le parcours d’un jeune paysan qui s’oppose à son père, le dénonçant pour vouloir trahir le gouvernement soviétique. La production met en lumière les efforts du jeune homme pour protéger l’État et le régime communiste, qui aboutissent ensuite au meurtre du garçon et à une émeute populaire.
« Le Pré de Béjine » avait déjà été mis en avant par la Cinémathèque de Toulouse en 1995, avec l’exposition « 350 photogrammes d’un film qui n’a jamais existé », réalisée à partir de l’œuvre de Patrick Riou. Aujourd’hui, plus de 300 nouvelles images sont déjà disponibles dans l’exposition virtuelle du film, totalisant 650 photos. Tous ont une légende minimale et sont répartis en huit chapitres thématiques, qui renvoient à l’ordre chronologique des événements représentés.
Ces captures sont la plus petite unité de prise de vue d’un film. En les avançant très rapidement avec la souris, il est possible de recréer le mouvement du film entre vos mains. Encore plus intéressant, c’est avec cette fonctionnalité de trouver les pauses nécessaires pour figer des scènes qui méritent d’avoir les yeux sur elles pendant quelques secondes de plus. Ou, si vous préférez, vous pouvez simplement appuyer sur play et profiter de 40 minutes d’un film perdu dans l’histoire.