Regarder le passé pour entrevoir le futur : l’exposition Ruines de Josef Koudelka


Pendant 20 ans, tout autour de la méditerranée, le photographe Josef Koudelka a photographié plus de 200 sites archéologiques. Son format de prédilection ?  Les panoramiques en noir et blanc, dont sont extraits 110 tirages pour constituer une exposition : « Ruines ». Exposée à la Bibliothèque nationale de France du 15 septembre au 16 décembre 2020, les photographies renaissent sous nos yeux grâce à une visite virtuelle.

Josef Koudelka en quelques lignes…

En 1938, l’actuelle République Tchèque voit naître Josef Koudelka. Le futur photographe, qui découvre son art aux côtés d’un ami de son père, se destine d’abord à devenir ingénieur. En parallèle de ce métier, il commence à photographier des Tziganes en Tchécoslovaquie. Quelques années plus tard, il quitte son poste d’ingénieur pour se consacrer entièrement à la photographie. A l’âge de 38 ans, il quitte son pays, devient apatride et voyage à travers l’Europe pour finir par trouver refuge en Angleterre. Il continue à photographier les Tziganes de tout le continent européen ; un livre et plusieurs expositions seront tirés de ses clichés. Dans les années 80, il est naturalisé français et le Ministère de la Culture lui décerne le Grand Prix national de la Photographie.

C’est dix ans plus tard qu’il commence à photographier les ruines antiques du pourtour méditerranéen, à l’aide de son appareil panoramique. Après de nombreuses expositions sur de nombreux sujets et de nombreux prix décernés, sa série « Ruines » est exposée à la Bibliothèque nationale de France. C’est cette exposition que nous découvrons aujourd’hui…

Des ruines, des panoramiques, et du noir et blanc

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La citation qui nous accueille à l’entrée de l’exposition
© Josef Koudelka / Magnum Photo

Dans la première salle, des murs noirs sur lesquels apparaissent des textes blancs nous accueillent. On s’approche pour voir qu’y sont présentés de manière succincte la vie de l’artiste, l’essence de l’exposition, et les personnes ayant contribuées à cette dernière. Lorsque l’on entre dans la salle principale, nous nous retrouvons devant une multitude de panneaux blancs lumineux sur lesquels sont exposés les clichés. Le format panoramique, signature de Josef Koudelka, révèle toute la grandeur des sites photographiés.

Pour se déplacer entre les photos, il suffit au visiteur-internaute de cliquer sur les marquage au sol, qui l’amèneront directement le cliché choisi. Il est possible de cliquer sur toutes les photos et tous les textes pour pouvoir les agrandir, les observer et les lire. Image

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© Josef Koudelka / Magnum Photo

Il y a une certaine mélancolie qui émane de tous ces clichés, de toutes ces ruines qui autrefois témoignaient de la grandeur de leur temps. Cette impression est renforcée par le fait que toutes les photographies sont en noir et blanc. On ressort de cette exposition avec le rappel que rien n’est éternel et que tôt ou tard il ne reste que des ruines.

Une expérience d’exposition virtuelle

Face à cet enchaînement de tableaux blancs lumineux et de photos en noir et blanc, n’est pas toujours facile de se repérer au sein de l’exposition. On en vient parfois à se demander « De quel côté est l’entrée ? De quel côté est la sortie ? Suis-je déjà passée par là ? Ai-je déjà vu cette photo-là ? ». Par ailleurs, j’ai le sentiment que dans une exposition  »réelle » on s’attacherait à voir avec plus d’attention tous les tirages, à n’en manquer aucun. Ici, du fait que ce soit virtuelle, j’ai eu tendance à me dire que ce n’était pas grave si j’étais passé devant une ou deux photos sans y faire attention, sans même les voir. Même si le côté virtuel de l’exposition me semble vraiment bien pensé, on ne se sent pas impliqué de la même manière qu’au cours d’une exposition  »en présentiel ».

Etant donné que l’exposition est gratuite et en ligne, j’ai pu la visiter à volonté. Et j’ai pu remarqué que l’on s’immerge mieux dans l’expérience en écoutant de la musique. Si cela vous intéresse d’ajouter une dimension sonore à cette visite afin d’en profiter d’une nouvelle manière, je vous conseille le morceau The Sleeping Prophet de Jesse Gallagher, qui est le morceau qui a été utilisé dans la vidéo de présentation de l’exposition.

Extrait de The Sleeping Prophet, Jesse Gallagher

La visite virtuelle a été pensée aussi bien pour un écran d’ordinateur que pour un écran de téléphone. Après avoir comparé les deux interfaces, il apparaît qu’il est plus agréable de visiter l’exposition « sur téléphone ». Le fait que l’écran soit tactile rend la navigation beaucoup plus fluide et naturelle que sur ordinateur, où il faut sans cesse cliquer à plusieurs endroits pour faire un mouvement dans l’exposition. Ou même ne serait-ce que pour zoomer sur les différents textes explicatifs.
Malgré tout, on peut reprocher au téléphone de se tenir à la verticale. Certaines photos (un assez grand nombre en réalité) sont en format paysage, et ne correspondent pas au format portrait du téléphone. Résultat, elles apparaissent bien petites. Il y a quelque chose de dommage à voir apparaître de si grand et majestueux paysage en taille si réduite. Mettre le téléphone en affichage paysage ne ferait que déplaçait le problème, puisque cette fois ce sont les panoramiques format portrait qui seraient de taille réduite. 
Pour faire plus court, la navigation est nettement plus agréable sur téléphone portable tactile mais il est difficile de profiter pleinement de l’exposition sur un écran aussi petit… Selon mon expérience, c’est le point le plus négatif que l’on peut trouver à l’utilisation du téléphone portable pour naviguer au sein de l’exposition. Au vu de tout cela, il semblerait que l’idéal soit d’utiliser une tablette numérique.

Ce que l’on voit -entres autres- à l’écran lorsque l’on visite virtuellement cette exposition
Courte vidéo de présentation de l’exposition « Ruines »