Maxime Matthys et la dystopie du numérique
Maxime Matthys est un photographe et vidéaste né en 1995 en Belgique. Il questionne l’effet des nouvelles technologie sur notre société et sur notre mode de vie « et nous propose une vision dystopique des futurs phénomènes résultants de son utilisation massive ». Il amène à interroger les liens entre le réel et le virtuel, à travers de nombreux travaux. Photographe en véritable expansion, il est récompensé et exposé à travers le monde. Cette année, il a exposé dans le cadre de la Résidence 1+2, une résidence toulousaine alliant “Photographies & Sciences.”
Diverses expositions à découvrir à travers le site
Un-innovation est une exposition initialement installée au centre culturel de Bellegarde. Elle a ensuite été prolongée sur internet à cause du confinement, et a tenté de nous immerger dans l’univers de l’artiste à travers le site internet. Elle se décompose en 4 salles :
Salle #1 : « Why Speeding up when we should slow down ? »
Ce projet questionne l’impact du déploiement de la 5G sur notre écosystème , les dégradations environnementales dues à cette course à “l’hyper-connexion”. Il photographie des paysages puis passe ses photographies au micro-onde, dégradant ainsi les images et le papier, illustrant l’effet néfastes des ondes sur nos vies.
Salle #2 : « Les Jocondes »
Cette série interroge la place de l’intelligence artificielle dans l’art contemporain. “Le plus grand faussaire de notre histoire ne serait-il pas une machine ?” Le photographe a programmé une intelligence artificielle afin qu’elle puisse recréer des les peintures qui ont marquées l’histoire de l’art.
Salle #3 : « 2091 : The ministry of privacy »
Dans cette série documentaire, l’artiste met en image la façon dont le gouvernement chinois utilise la technologie à des fins répressives. A la façon des caméras de surveillance de l’état chinois, l’artiste photographie les populations oppressées, les Ouïghour et les Kazakh et relie et code par la suite leur visage à la manière des logiciels de reconnaissance faciale.
Salle #4 : « Love center »
Les machines sont-elles capables d’aimer ? En partenariat avec le CNRS Occitanie Ouest et l’IRIT l’artiste nous montre à l’aide d’imagerie thermique, “l’amour qui passe” dans les tuyaux des data centers programmés pour créer des poèmes romantiques.
Une médiation immersive et relativement bien pensée
En flânant sur le site de l’exposition Un-innovation on a la possibilité de se rendre compte de tous les aspects de son œuvre. La médiation de la galerie est particulièrement bien pensée, En effet, le site nous plonge tout de suite au cœur des projets de l’artiste. Il est possible d’imaginer l’ambiance des salles pour chacun d’entre eux car, en cliquant sur les photos, un diaporama qui présente la scénographie des salles apparaît. Les descriptions des œuvres entre chacune des salles sont très complètes : d’une part il est décrit chacun des projet de l’artiste, et d’autre part on peut lire la description des arts scéniques qu’il a utilisé pour nous plonger dans ses univers. Mais il n’y a pas tant à dire sur la médiation de la galerie que sur celle du film qui, selon nous, évoque le mieux le travail de Maxime Matthys. La vidéo est introduite par une musique électronique industrielle qui nous plonge dans le malaise et qui renvoi aux messages qu’il veut faire passer. En effet, il nous confronte tant à ses questionnements écologiques qu’à ses inquiétudes de l’imposition d’un monde dystopique provoqué par l’avènement du numérique. Un montage simple, les explications de l’artiste lui-même, on le découvre à travers ces vingt minutes de vidéo qu’on ne voit pas passer.
Malgré l’immersion que nous apporte le film et les photographies de la scénographie, et bien que les travaux du photographe soient très intéressants et compréhensibles, il y a selon nous quelques lacunes dans la médiation du site. En effet, le lien vers “un-innovation” est très compliqué à trouver (ni sur le site de 1+2, ni sur le site de Maxime Matthys) et de notre point de vue, le fort de la reconstitution de l’exposition sur le web aurait été de nous donner accès non seulement à des visuels de l’exposition physique (comme c’est le cas) mais aussi aux images de l’artiste, directement cliquable en grand format.
Auteurs : Mylène Brizard, Pauline Thollet