Dans la confidence des points de vue.

Passages confronte les points vue : Quand l’intimité nous ramène aux autres. 

Écouter des podcast narratifs, n’est pas une grande habitude chez moi. Je les ai découvert, j’ai ouverts grand les oreilles, et me suis laissée porter. 

Une multitudes de podcasts existent. Les productions et les nombres d’écoutes explosent.  En délaissant la radio, à travers les podcasts, nos générations réinventent une manière d’écouter nos sociétés, ses histoires et ses réflexions. Beaucoup de podcasts  nous offrent des témoignages personnels, des histoires récoltés, des anecdotes racontés.  J’ai cette semaine découvert un tout nouveau podcast : Passages, porté par la chaîne Louie Média. Toutes les deux semaines,  un épisode nous raconte une histoire à deux voix, et confortes les points de vue. 

La force sonore 

La découverte du podcast narratif a été pour moi une connexion avec le sonore.  Elle amène écouter l’esthétique et la force de transmission du son. L’altération des visages, des gestes, des images disparaît. Cela fait du bien de laisser les images de côté, dans un monde qui nous les mets toujours sous le nez (encore plus aujourd’hui dans une connexion presque constante, et accrue par le télétravail). Nous avons tendance à oublié que nous vivons dans une société sonore, nous oublions la puissances des mots et leurs résonance. Ici, tout prend son importance. Passages nous donne un son très épuré avec presque aucun bruitages, parsemé quelques petites notes de musiques. Passages offre ainsi une concentration extrême sur la voix. La simplicité du son laisse place l’intimité et à l’imagination 

Dans l’intimité de l’imagination

 « C’est un média paradoxal, qui vous permet d’échapper aux vides et aux silences sans passer par la frénésie usuelle de l’information » 

Louie Media

Le mode de narration du podcast répond à un besoin d’intimité. Il nous offre un moment de pause, où les sons appellent notre imagination et  nous invitent à créer nos images mentales. Intimement, je redécouvre le plaisir, que petite, les contes racontés par ma grand mère m’amenaient à inventer un monde intérieurs, un monde rien qu’a moi. L’écoute du podcast est active, elle nous invites à créer des visages, des personnages, des environnements , des paysages…   Passages prend son temps, et pourtant ne s’éternises dans de longues descriptions visuelles.Le récit frappe l’imagination et nous intègre dans l’histoire. Dans l’intimité de l’écoute active nous vivons aussi l’empathie, l’impatiences, la prises de positions. Les épisodes de Passages, sont  assez long, ( entre 35 et 50 minutes). Nous restons pourtant, accrochés, pris par le suspense, impatient de dénouer l’histoire. Passages n’est pas novateur. L’imaginaire, l’identification et le suspense sont propres à tous les récits racontés. Nous remercions tout de même ce média de nous les offrir une nouvelle fois.

Le podcast est alors  un moyens de nous glisser dans d’autres mondes, ceux que nous nous créons intérieurement, ceux que les paroles portent. 

Récit de nos sociétés

Passages, se meut  entre confessions, témoignages et souvenir. Le média nous raconte des histoires véridiques et personnelles. 

En ces temps où les nouvelles rencontres ont presque disparue de notre vie, les podcasts  peuvent représenter une alternatives (bien entendu complètement inégale). Une voix se confie. Nous retrouvons ces longues anecdotes que nous aimons tant écouter.  De plus dans une société qui tend vers l’individualisme, les histoires personnelles nous permettent de faire face à l’autre. Nous accordons notre attentions, allons vers la curiosité, vers une estime et une compréhension de l’autre. Raconter des récits personnels et des singularités est un atout dans la représentation de nos société et d’un monde fragmenté. Louie Média, le producteur de Passages, tient à cette dimension, et explique :   « Louie fait le choix de raconter et d’expliquer les individualités, nos modes de consommation, nos pratiques culturelles, nos désirs particuliers, à travers des podcasts qui mettront en avant des personnages, des histoires incarnées, des émissions qui adopteront un ton personnel, pour répondre à ce besoin de tisser des liens particuliers. Partir des individus plutôt que des institutions déconsidérées. » Je tiens à dire que le média relève très bien le pari. Le premier épisode deux jeunes filles aux origines sociales différentes racontent leurs épanouissement dans une longue période de temps et nous permettent d’entrevoir la société qui les construit.  

La discorde des discours 

« Comment se souvenir avec son seul prisme, ses désirs, ses fantasmes, de ce qui a réellement eu lieu? »

En nous racontant une histoire à deux voix, Passages nous invite prendre compte de la puissance des points de vues. Ce que l’on est transforme ce que l’on raconte. Nous entendons qu’un récit n’est jamais raconté de la même manière, qu’une histoire diverge en celui qui la vit.  Passages nous appel à penser les enjeux de pouvoir présent dans les mots et les narration. Les subjectivités sont interrogées. 

Dans le premier épisode Orianna et Mandy nous racontent les liens qui les unissent, une histoire entre amour et amitié, dans deux versions différentes. Le récit traine en longueur, il peut paraître banal et sans grand intérêt. Pourtant, il nous rappel l’exception du vécu dans une relation. Il nous rappel qu’un moment partagé, se construit dans des fantasmes, souvenirs, désires et interprétations bien personnels. Il nous rend compte de la cruauté, et de la solitude dans la non-réciprocité et nous ramène à notre individualité. 

Le deuxième épisode de Passages va encore plus loin, puisqu’il fait appel à une autre dimension de la narration: le travail de mémoire. L’épisode commence par une introduction historique des évènements du siège de  Sarajevo.  Puis, une question propre au travail des mémoire dans la sauvegarde de l’Histoire nous est posé :  « Comment se souvenir avec son seul prisme, ses désirs, ses fantasmes de ce qui a réellement eu lieu? » Christophe nous raconte alors son histoire à Sarajevo. Bien entendu ce podcast ne nous raconte pas l’entièreté des évènements  de la guerre de Bosnie. Nous ne pouvons pas lui donner la prétention, d’un travail poussé sur la relation Histoire, mémoire.  Le sujet est seulement survolé. Pourtant les propos  sont  bouleversants, les remises en question de la subjectivité sont saisissantes.  

Le podcast Passages nous fait entendre le sacré du sons, du discours et des phrasés en dépassant l’individualité.  

Le podcast, nous ramène vers les autres et vers le son. Nous écoutons les points de vue, confrontons nous réellement le notre ? Son écoute montre elle à quel point il est complexe de faire face à nous même dans le silence?

Vous pouvez retrouver Passage sur les plateformes de Podcasts habituels ( Spotify, Deezer, Apple Podcast, Castbox … ) ou directement sur le site de Louie Média.

https://louiemedia.com/passages