Une classe ne se tient pas sage toute seule à la Transversale du Lycée Alain Fournier de Bourges.

C’est dans une ambiance intimiste que j’ai découvert l’exposition Une classe ne se tient pas sage toute seule, visible du 24 juin au 10 juillet puis du 19 août au 26 septembre 2020 à la Transversale, espace d’art contemporain et d’expérimentations du lycée Alain-Fournier de Bourges. L’exposition était organisée par Etienne Meignant, diplômé de l’ENSA de Bourges et artiste, commissaire et médiateur de l’exposition.

Genèse de l’exposition : « Voilà une classe qui se tient sage ! »

Décembre 2018, Mantes-la-Jolie. Cent cinquante lycéens sont maintenus à genoux, menottés et mains sur la tête par des policiers, matraques sorties. L’un d’entre eux filme la scène et s’exclame « Voilà une classe qui se tient sage ! ».

Pierre Grandclaude, Voilà une classe qui se tient sage, 2019, diptyque, stylo à bille noir sur papier canson, 48 x 53 cm chaque

Etienne Meignant, artiste diplômé de l’ENSA de Bourges et commissaire de l’exposition part de cet événement pour explorer la question de la discipline, de la contrainte, du contrôle. En reformulant la phrase « Voilà une classe qui se tient sage » en « Une classe ne se tient pas sage toute seule », il lui répond et met en valeur tous les dispositifs qui nous entourent et contraignent nos corps : la police, le patriarcat, l’éducation, le travail …


Le lieu d’exposition est particulièrement pertinent puisque la Transversale se situe au cœur d’un lycée, lui-même dans un des quartiers populaires de la ville de Bourges. La galerie est ouverte à tous donc aux lycéens et aux habitants du quartier qui sont particulièrement concernés par ces problématiques.


Cette exposition regroupe six artistes, Arnaud Adami, Brodette, Wan-Ting Fu, Pierre Grandclaude, Etienne Meignant et Grégoire Messeri. Vingt œuvres sont exposées et les techniques utilisées pour réaliser les œuvres sont très diverses : broderie, dessin au stylo, au feutre, huile sur toile, constructions en bois, métal, création d’un jeu de plateau…

Brodette, Acte 3 – Paris coton et organza sérigraphiés, fil de coton, fil à coudre, tissus appliqués.
Etienne Meignant et Grégoire Messeri, Le Jeu de la Nasse, 2020, PVC, papier satiné, bois verni.
Wan-Ting Fu, Comment s’asseoir correctement, 2019, chêne.
Arnaud Adami, Casque Deliveroo, 2019,
huile sur toile, 24 x 33 cm.

Une médiation orale complète et accessible

A mon arrivée j’ai directement été accueillie par Etienne Meignant, à la fois artiste, commissaire et médiateur de l’exposition. Il n’y avait personne d’autre dans la salle d’exposition et cela rendait l’accès aux œuvres plus facile. Il m’a proposé de regarder l’exposition seule ou de suivre ses explications. Curieuse d’en apprendre plus sur les œuvres et leurs artistes, j’ai choisi de suivre sa visite. Grâce à ses rôles multiples, Etienne Meignant connaissait très bien les artistes. Wan-Ting Fu était par exemple étudiante à l’ENSA de Bourges avec lui, c’était aussi le cas de Grégoire Messeri avec qui il a collaboré pour réaliser le Jeu de la Nasse qui était exposé. Les explications étaient claires, précises et détaillées.

Nous avons eu l’occasion d’échanger quelques mots à propos de la médiation. Au départ, il ne pensait pas effectuer lui-même la médiation mais l’opportunité s’est présentée à lui et, après avoir hésité, il a accepté ce poste pour défendre ses partis pris et partager ses réflexions avec le public. C’est un rôle qui lui tenait à cœur. Il était particulièrement curieux de voir la réaction des lycéen.ne.s et d’échanger avec eux.

« Si l’on veut changer les idées dominantes c’est d’abord aux jeunes que l’on doit s’adresser (et que l’on doit écouter). » -Etienne Meignant

J’ai beaucoup apprécié cette médiation, je n’avais jamais eu l’occasion de visiter une exposition avec un médiateur aussi disponible. J’ai trouvé les explications plus accessibles à l’oral qu’à l’écrit, grâce à l’interaction avec le médiateur qui permet de donner plus de vie aux œuvres en retraçant leur histoire. J’ai aussi pu poser des questions ou même faire des remarques que je n’aurais pas pu avoir face à un cartel. La discussion autour de l’art est facilitée par ce face à face entre le spectateur et le médiateur. Le souvenir que je garde de cette exposition est très clair, je pense que la médiation y est pour beaucoup.

Cette médiation a également l’avantage de pouvoir s’adapter au public. J’y suis allée plusieurs fois avec différents amis, certains familiers des milieux culturels et d’autres non. Ils sont tous ressortis très satisfaits, en ayant compris les œuvres et leur contexte. L’aspect oral de la transmission d’informations rend l’exposition accessible à toutes les tranches d’âges et tous les milieux sociaux.

Interview d’Etienne Meignant et présentation de l’exposition Une classe ne se tient pas sage toute seule

Marianne Paillard

Textes et documentation mis à disposition par Etienne Meignant sur l’exposition : http://club.ensa-bourges.fr/une-classe-ne-se-tient-pas-sage-toute-seule.php
Présentation de la Transversale : http://lyc-fournier-bourges.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique68
Page Facebook de la Transversale : https://www.facebook.com/pages/category/Art-Gallery/La-Transversale-280614422373470/
Compte Instagram de la Transversale : https://www.instagram.com/latransversale/
Sites des artistes : http://arnaudadami.fr/, https://brodette.webnode.fr/, http://fu.wan-ting.syntone.org/, https://pierregrandclaude.com/, https://www.instagram.com/gregoire_messeri/, https://etiennemeignant.wordpress.com/